Économie

Pourquoi les Français veulent absolument le FMI

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Economix, Reuters

La candidature de Christine Lagarde pour succéder à Dominique Strauss-Kahn à la tête du Fonds monétaire international (FMI) a déclenché de nombreuses réactions quant à la «tradition coloniale» de l’institution, qui veut que seul un Européen puisse la diriger. Simon Johnson, ancien économiste en chef du FMI, livre son analyse sur les raisons qui poussent les Européens et notamment les Français à vouloir absolument conserver la tête de l’institution.

Il explique comment en 2007, à l’époque où il travaillait encore au FMI, les Européens estimaient que les déficits des balances des paiements de certains pays de la zone euro n’étaient pas préoccupants et que le FMI n’avait rien à y faire. En gros, si le déficit d’un pays devenait trop important, c’était aux autres membres de l’union monétaire de les aider.

Mais c’est le contraire qui s’est passé depuis le début de la crise en Europe: le FMI a joué le rôle du sauveur en prêtant des sommes colossales aux pays en difficulté, tandis que des pays comme la France et l’Allemagne, qui avaient les moyens de prêter ces sommes d’argent, ne l’ont pas fait, notamment pour des raisons électorales.

Or c’est le directeur général du FMI qui négocie les renflouages avec toutes les parties prenantes, et il dispose d’une marge de manœuvre importante. Johnson résume ainsi les projets des Français en cas d’élection de Lagarde:

«Les Français veulent influencer la prise de décision au FMI pour pouvoir utiliser de l’argent américain, japonais ou d’autres pays plus pauvres pour que leur propre électorat ne voit pas la réalité: que les structures de la zone euro ont entraîné tous ses membres dans une situation fiscale risquée. Certains ont beaucoup emprunté, d’autres ont laissé leurs banques prêter de manière irresponsable.»

Et de conclure:

«Le meilleur moyen de cacher le vrai prix est de faire payer l’addition par les autres contribuables, avec le moins de transparence possible. Les politiciens de la zone euro ont beaucoup à perdre, et espèrent que Mme Lagarde dirigera le FMI.»

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