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Le remaniement d'Obama estompe la frontière entre espions et soldats

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur New York Times, Fred Kaplan dans Slate.com

Avec son remaniement gouvernemental, Barack Obama prouve une fois de plus combien la frontière entre espion et soldat s'estompe, analyse le New York Times.

Le président américain compte faire du directeur actuel de la CIA, Leon Panetta, son nouveau ministre de la Défense. Et Panetta devrait être remplacé par le Général Petraeus, jusque-là en charge de la guerre en Afghanistan.

En deux ans, Leon Panetta a aidé à transformer l'agence d'espionnage en organisation paramilitaire, notamment en augmentant l'utilisation de drones au Pakistan, tandis que le Général Petraeus a joué aux espions en s'appuyant sur des unités spécialisées et des entreprises privées spécialisées dans la sécurité pour mener à bien des missions secrètes pour l'armée.

Comme l'explique le New York Times:

«Le résultat, c'est que les militaires et les espions sont parfois virtuellement impossibles à distinguer quand ils mènent des opérations classifiées au Moyen-Orient et en Asie Centrale. Certains membres du Congrès s'en sont plaint en disant que cette nouvelle façon de faire la guerre ne permet qu'un maigre débat sur l'échelle et l'envergure des opérations militaires. En fait, les agences militaires et d'espionnages américaines opèrent dans un tel secret qu'il est souvent difficile de trouver des informations spécifiques sur le rôle américain dans des missions majeures en Irak, Afghanistan, Pakistan, et maintenant en Libye et au Yémen.»

Au Pentagone, on s'inquiète des répercussions qu'une telle évolution pourrait avoir sur la sécurité des soldats: comme l'explique le New York Times, «plus les soldats sont utilisés dans des opérations d'espionnage à l'étranger, plus ils risquent d'être jetés en prison sans les protections de la Convention de Genève s'ils sont capturés par des gouvernements hostiles». Et certaines critiques au sein de la CIA estiment que le bombardement du Pakistan par l'agence l'a détournée de sa mission originelle pour la transformer en bras armé du ministère de la Défense.

Mais Fred Kaplan, de Slate.com, estime que David Petraeus saura s'installer à la tête de l'agence: même si dans ses précédentes fonctions il a eu des tensions avec l'agence de renseignement à propos de ses opérations menées en Afghanistan et de leur capacité à diminuer la force des Talibans («il dit qu'elles l'ont diminuée, la CIA est plus sceptique»), il s'en sortira:

«Certaines personnes qui ont travaillé avec Petraeus disent que ceux qui s'inquiètent sous-estiment son talent pour gérer de larges organisations, ou des chefs tribaux, en les réformant et les renforçant de l'intérieur et selon leurs propres termes (C'est, après tout, la définition de la contre-insurrection, ce que Petraeus pratique depuis des années).»

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