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Une nouvelle étude sur l'évolution des langues conteste les théories de Chomsky

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Ars Technica, Nature

Chomsky s'est-il trompé? Une nouvelle étude, publiée dans la revue Nature le 13 avril 2011, montre qu'on ne peut dégager de règle générale (applicable à toutes les langues) pour l'agencement des mots dans une phrase. Noam Chomsky avait aidé à établir l'école de pensée de la «grammaire générative». Cette école de pensée part du principe que si un enfant arrive à apprendre plusieurs langages rapidement, c'est qu'il doit exister un ordre, une contrainte innée gérant toutes ces langues. La nouvelle étude contredit cette théorie.

Une équipe de scientifiques spécialistes de la cognition (étude des mécanismes de la pensée) s'est alliée à un biologiste spécialiste des théories de l'évolution pour analyser plusieurs familles de langues et leur évolution. Les résultats ont montré qu'il n'y avait pas de dépendance dans l'ordre des mots d'une phrase entre les langues. Les seules dépendances observables étaient dans une même langue, et dans ses variantes au cours de son évolution.

L'équipe de recherche, menée par Russell D. Gray et Michael Dunn, a utilisé des méthodes d'analyse phylogénétique, d'habitude utilisées par les biologistes pour classifier les espèces d'animaux. Celles-ci prennent en compte l'évolution d'une langue dans le temps, d'où l'alliance de l'équipe avec Simon J. Greenhill, du groupe de travail sur les statistiques de l'évolution, à l'université d'Auckland.

En choisissant d'analyser comme une caractéristique génétique l'ordre des mots dans la phrase, les chercheurs ont pu étudier 79 langages indo-européens, 130 austronésiens, 66 bantous et 26 uto-aztèques. Soit au total environ 2.400 langues parmi les 7.000 recensées, et leur évolution pendant 4.000 ans, relate Ars Technica. Ces langues varient grandement en complexité. Même si la plupart d'entre elles peuvent facilement être rattachées à une même famille, celles qui restent sont très difficiles à classer dans les groupes majeurs.

Ainsi un simple questionnement sur la place du verbe et du nom dans la phrase (lequel vient en premier?) devient très complexe, même au sein d'un même «arbre» de langues, continue Ars Technica. Même si les chercheurs n'ont travaillé que sur une caractéristique précise (l'ordre des mots), leurs résultats ont également contredit les théories de Joseph Greenberg, selon lesquelles il existerait des corrélations entre tous les langages.

Photo: Mixed Media Painting (Detail) by Choichun Leung / Dumbo Arts Center: Art Under the Bridge Festival 2009, See-ming Lee 李思明 SML via Flickr, CC-Licence-by

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