Monde

Scandale des écoutes: Hugh Grant piège un ex-reporter

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur New Statesman, The Guardian, The New York Times, The Telegraph

Pour Hugh Grant, la vengeance contre la presse people est un plat qui se mange quinze ans après. Dans la dernière livraison du magazine New Statesman, l’acteur britannique, cible régulière de cette presse depuis son interpellation en compagnie d’une prostituée en 1995, raconte en effet comment il a piégé un ancien reporter. Et, à travers ça, le Premier ministre David Cameron…

L’histoire commence comme un film, Grant racontant avec pas mal d’autodérision comment sa «voiture-de-crise-de-la-cinquantaine» est tombée en panne au fond du Kent juste avant Noël, et comment le véhicule qui s’est arrêté pour l’aider s’est trouvé être celui d’un ancien reporter du News of the World devenu tenancier de pub: celui-ci s’est mis à le mitrailler avec l’appareil photo qu’il gardait pour «ce genre d’heureux incident», puis lui a offert de le ramener. Ce journaliste s’appelait Paul McMullan, et il faisait partie de ceux qui avaient dénoncé dans The Guardian, à l’automne 2010, l’enregistrement pirate des conversations de personnalités par le News of the World, et y avait impliqué Andy Coulson, un des dirigeants du quotidien entre 2000 et 2007, devenu le directeur de la communication de David Cameron.

Hugh Grant a désiré rencontrer McMullan quelques mois plus tard dans son pub pour «en entendre plus sur le piratage des conversations et le business de la presse tabloïd». Et pour «s’amuser», il a décidé d’enregistrer la conversation en secret, transformant son interlocuteur en «espion espionné». Extraits:

«Il [Coulson] avait connu une ascension fulgurante, il voulait se couvrir tout le temps. Il ne voulait pas juste publier un article sur une célébrité qui avait fait quelque chose, il voulait s’assurer qu’elle ne poursuivrait pas, et il voulait que nous l’entendions sur bande dire: "Salut, chérie, la nuit dernière était merveilleuse."»

«Cameron devait savoir –c’est le plus grand scandale. Il a dû sauter dans le lit de Murdoch [propriétaire du News of the World, ndlr] comme tout le monde depuis Thatcher dans les seventies… Tony Blair… […] Donc à son tour il a approché Murdoch par Rebekah Wade [l’actuelle directrice générale de News International, ndlr] avec qui il allait régulièrement faire du cheval. […]
— Vous pensez que Murdoch était au courant du piratage des conversations?
— Hum, peut-être pas. C’est assez drôle étant donné qu’il possède le Sun et le Screws [jeu de mots sur « screw » —« baiser »— et News of the World, ndlr] mais il est… assez puritain.»

«Nous en étions arrivés à un point où n’importe qui pouvait écouter n’importe qui. Vous, moi, les journalistes pouvions écouter des politiciens corrompus, et c’est grâce à cela que nous avions une société raisonnablement juste et un Premier ministre pas particulièrement corrompu ou criminel, pendant que d’autre pays ont Kadhafi.»

Andy Coulson, qui a été nommément accusé par le New York Times à l’automne dernier d’avoir «été présent dans des discussions autour du piratage téléphonique», a démissionné au début de l’année de son poste. Alors que la police enquête actuellement sur l’affaire, il a affirmé que «la couverture continuelle des évènements en relation avec [son] ancien travail à News of the World rendait difficile le fait de [se] donner à 110% dans son nouveau rôle».

Photo: Hugh Grant, en 2007. REUTERS/Mario Anzuoni.

cover
-
/
cover

Liste de lecture