Économie

Washington a financé les «desperate housewives» de Wall Street

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Rolling Stone, Columbia Journalism Review

Grâce au gouvernement fédéral américain, les housewives de Wall Street ne sont pas devenues desperate. Telle est la conclusion d’une longue enquête de Rolling Stone sur la façon dont un budget «caché», un «Etat-providence pour les riches» a permis de renflouer deux épouses de deux hauts dirigeants du secteur financier en 2009.

Pour arriver à cette conclusion, le magazine s’est plongé dans les documents récemment publiés, à la demande du Congrès, par la Fed, la banque centrale américaine, à propos des sauvetages effectués pendant la crise financière:

«C’est comme si quelqu’un s’était assis et avait fait une liste de tous les individus sur Terre qui n’avaient pas besoin d’une aide financière d’urgence du gouvernement des Etats-Unis, et leur avait ensuite tendu les clés du Trésor public.»

Parmi lesdits individus, Rolling Stone a trouvé un nom et un chiffre apparemment banals au vu des centaines de milliards de dollars prêtés à des grandes banques: Waterfall TALF Opportunity, 220 millions de dollars. Mais derrière eux se cachent le fonds d’investissement dirigé par Christy Mack, la femme de John Mack, le PDG de Morgan Stanley, une des plus grandes banques du monde, et Susan Karches, la veuve de l’ancien président de la banque d’investissement du même groupe. Etonnement de Rolling Stone:

«Aucune de ces deux femmes ne paraissait avoir une connaissance sérieuse du monde des affaires, à part quelques expériences philanthropiques, et pourtant la Fed leur a accordé des prêts à taux bas pour près d’un quart de milliard de dollars à travers un programme de sauvetage compliqué qui leur garantissait virtuellement des millions de revenus sans risques.»

Les prêts accordés permettaient en effet aux deux femmes «de garder 100% des gains effectués» sur leurs opérations (des rachats de prêts étudiants et immobiliers) et d’être couvertes à 90% sur leurs pertes, la Fed récupérant en cas de problèmes les actifs dévalués: un «classique pile-je-gagne-face-tu-perds». Selon Rolling Stone, 150 des 220 millions de dollars n’avaient toujours pas été remboursés à la Fed fin 2010.

Conclusion de l’article: alors que le Congrès américain a débattu récemment de l’austérité budgétaire et de la réduction de certains programmes, par exemple en matière de santé, «de l’autre côté, il n’y a pas de serrage de ceinture, juste un repas gratuit qui ne se termine jamais».

Signé Matt Taibbi, spécialiste des enquêtes au vitriol sur Wall Street (une très polémique sur la banque Goldman Sachs, une autre s’interrogeant sur l’absence de sanctions pénales contre les dirigeants des grandes banques), l’article de Rolling Stone a été abondamment repris par la presse américaine et fait déjà débat. La Columbia Journalism Review se demande ainsi pourquoi d’autres publications, comme le Wall Street Journal, n’ont pas sorti l’information alors qu’un sénateur américain avait soulevé ce lièvre dès décembre.

Photo: un panneau de signalisation «Wall Street». Sachab via Flickr CC License by.

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