Monde

L'armée égyptienne recommence à torturer des manifestants

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur CNN, Washington Post, TTKN

Alors que l'armée a été acclamée tout au long de la révolution égyptienne comme  une force de sécurité qui n'agressait pas les manifestants, des témoignages commencent à ternir cette image. Le 9 mars, après une marche pacifique, des centaines de manifestants pro-démocratie ont été molestés par des bandits sur la place Tahrir, sans que les soldats réagissent, rapportent CNN et Human Rights Watch. Aida El-Keshef, une militante qui était sur place, raconte sa colère:

«Quand nous avons vu l'armée arriver, nous nous sommes calmés parce qu'on pensait qu'il venaient pour nous protéger. Au lieu de ça, ils ont commencé à détruire les tentes pendant que les voyous nous frappaient et nous chassaient.»

Ils ont été emmenés au musée de l'Egypte pour être torturés par des soldats en uniforme. Ramy Essam, un musicien de 23 ans, était parmi eux. Les soldats l'ont torturé pendant quatre heures:

«Ils m'ont déshabillé. Ils ont utilisé des bâtons, des barres de métal, des câbles, des fouets. J'ai aussi été électrocuté. Un soldat me sautait dessus et écrasait mon visage avec sa jambe.»

Salwa Gouda faisait également partie des personnes arrêtées. Cette femme a expliqué publiquement qu'elle s'est fait électrocuter les jambes, et qu'elle a vu d'autres femmes se faire électrocuter aussi la poitrine. Les femmes qui ont été arrêtées ont été forcées à se déshabiller entièrement et à se faire fouiller alors qu'une caméra filmait (ce qui peut servir, selon elle, à fabriquer des preuves de prostitution), raconte-t-elle dans cette vidéo:

Samira Ibrahim, elle aussi détenue, a tenté de réveiller les soldats qui la torturaient, explique-t-elle au Washington Post:

«Je les ai suppliés. J'ai dit: "Vous êtes mes frères. L'armée et le peuple ne font qu'un." (Mon) agresseur a répondu: "Non, les militaires sont au-dessus de la nation. Et vous méritez ça".»

Après avoir été menottée au mur du musée de l'Egypte et électrocutée pendant sept heures, elle a été emmenée dans une prison, où elle est restée trois jours, comme d'autres manifestants. Là-bas, les violences ont continué: elle s'est fait cracher dessus et nourrir au pain trempé dans du kérosène. D'après des groupes de défense des droits de l'homme, 190 d'entre eux seraient toujours détenus par l'armée. Dans un communiqué, neuf organisations de militants ont exprimé la dénonciation suivante:

«Le crime a toujours cours et les responsables méritent une punition plus lourde. La junte doit des excuses aux Egyptiens puisque ce sont eux qui gouvernent maintenant.»

Selon les avocats des ces organisations de droits de l'homme, ceux qui arrêtent les manifestants et les torturent seraient des groupes dissidents dans l'armée qui soutiennent toujours le régime de Hosni Moubarak. 

Photo: Militaires égyptiens à côté de la pyramide de Gizeh, dans la banlieue du Caire. REUTERS/Mohamed Abd El-Ghany

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