Monde

Wikileaks montre un Kadhafi maître de la manipulation

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The Washington Post, The New York Times

Mouammar Kadhafi, le tyran qui mène la Libye d'une main de fer depuis plus de quarante ans, a été souvent décrit comme un bouffon excentrique et mégalomane. Au travers des câbles diplomatiques confidentiels américains révélés par Wikileaks, le personnage décrit est assez différent, plus dangereux, brutal et machiavélique. Il a conservé son pouvoir depuis plus de quatre décennies en ne cessant de manipuler et de contrôler les tribus libyennes et leurs chefs. C'est notamment ce que le montrent des articles publiés par The Washington Post et The New York Times.

Depuis le rétablissement des relations diplomatiques entre les Etats-Unis et la Libye et la réouverture de l'ambassade américaine à Tripoli en 2009, les diplomates américains ont décrit, parfois avec une certaine admiration, les talents politiques de Kadhafi et sa capacité à marginaliser ses alliés et ses rivaux, y compris ses propres enfants.

Kadhafi «reste intimement impliqué dans les questions les plus importantes pour le régime», écrit l'ambassadeur américain Gene A. Cretz le 28 janvier 2009 dans un câble adressé au Département d'Etat à Washington. «Sa maîtrise de la tactique politique l'a maintenu au pouvoir pendant près de quarante ans», ajoute-t-il. Depuis sa prise de pouvoir en 1969, Mouammar Kadhafi  a empêché le développement de toute opposition, y compris au sein de l'armée. Il a aboli les grades militaires supérieurs au sien, celui de colonel.

«La réalité est qu'aucun successeur potentiel a aujourd'hui une crédibilité suffisante pour maintenir un équilibre délicat. Kadhafi est l'architecte de sa propre cage dorée et ne peut pas laisser à d'autres les décisions à prendre au jour le jour, même s'il le voulait», écrit encore Gene A. Cretz.

La personnalité à facettes de Mouammar Kadhafi apparaît clairement dans une rencontre le 14 août 2009 avec une délégation du Congrès américain menée par le sénateur républicain John McCain. La délégation était convoquée à 11 heures dans la luxueuse tente du dictateur. Kadhafi est apparu «comme s'il sortait d'un profond sommeil» et avait «les cheveux en bataille et les yeux gonflés». Il portait un pantalon froissé et un tea-shirt trop court avec une carte du continent africain. Mais durant toute la conversation, Mouammar Kadhafi était «lucide et impliqué» montrant qu'il était maître de lui et connaissait parfaitement les sujets et les usages diplomatiques. Quand son fils Muatassim, qui est son conseiller pour les questions de sécurité, a essayé d'interrompre un élu américain, Mouammar l'a sèchement «rabroué» et a demandé au visiteur de continuer.

Toujours selon les câbles Wikileaks, le même Muatassim a demandé 1,2 milliard de dollars en 2008 au président de la compagnie pétrolière nationale libyenne pour financer sa propre milice. L'un de ses frères, Seif al-Islam, avait lui payé 1 million de dollars à Mariah Carey pour qu'elle chante quatre chansons pour lui lors d'une fête à Saint-Barthélémy, dans les Petites Antilles.

Plus drôle, un câble de septembre 2009 adressé à la secrétaire d'Etat Hillary Clinton, note que Mouammar Kadhafi n'est plus accompagné par sa légendaire garde personnelle constituée uniquement de femmes, mais est très attaché à son infirmière ukrainienne, une «voluptueuse blonde» prénommée Galyna qui le suit partout.

Photo: Mouammar Kadhafi. REUTERS / Vasily Fedosenko

 

 

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