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Eric Raoult: Ben Ali «a fait du bien à son pays»

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Europe 1, AFP, Le Figaro, Le Monde

Le vent de liberté qui souffle sur le monde arabe depuis que les manifestants tunisiens ont eu raison de leur président a représenté pour beaucoup de leaders occidentaux une occasion idéale pour réaffirmer leur attachement aux valeurs démocratiques. Mais en France, la fin du régime de Ben Ali n’a pas fini de susciter le malaise chez une partie de la classe politique.

La ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie a été mise en difficulté pour avoir offert d’aider le régime à maintenir l’ordre, puis d'avoir voyagé pendant ses vacances de Noël aux frais d’un proche du président tunisien et enfin parce que ses parents ont fait des affaires avec leur hôte tunisien. C’est au tour du député UMP Eric Raoult de faire des déclarations qui ne semblent pas vraiment aller dans le sens de l’Histoire.

Le député-maire du Raincy, qui est membre du groupe d’amitié France-Tunisie à l’Assemblée nationale, a défendu le bilan de Ben Ali dans une interview sur Europe 1 vendredi 18 février. Il a notamment déclaré:

«Il ne faut pas oublier que Ben Ali, c’était un progressiste. C’était quelqu’un qui avait accueilli Yasser Arafat sur son territoire, qui protégeait les Juifs de Tunisie, qui avait une vision du tiers-monde qui plaisait à la droite et à la gauche. Si on devait publier les listes de ceux qui nous ont accompagnés là-bas et qui parfois poussaient des coudes pour le faire, et de ceux qui les ont accueillis...  J'ai un peu l'impression que quand on crie contre Ben Ali, c'est souvent parce qu'on a beaucoup à faire oublier.»

Nicolas Sarkozy avait revendiqué «une certaine réserve» concernant les anciennes colonies françaises pour expliquer son attentisme pendant les évènements tunisiens, estimant que «le président de la République française doit tenir compte du poids de l'histoire dans le jugement qu'il porte sur l'évolution de chacun de ces pays». Mais Eric Raoult n’a pas l’air de se sentir concerné par ce devoir de réserve, et n’hésite pas à louer les mérites du régime de Ben Ali, tout en s’inquiétant du sort de ce dernier:

«Certes, il est devenu nationaliste. Mais il y a eu dans ce pays l’ordre et la sécurité, alors qu’il y avait des attentats au Maroc et une guerre civile en Algérie. […]C’est un homme qui a dû souffrir durant cette période qui est allée aussi vite. Il a été abandonné par sa famille [Ben Ali serait dans le coma dans un hôpital de Jeddah depuis le 15 février, sans personne à son chevet], par son peuple.

Dans le Coran, il y a le pardon. J’espère que l’histoire fera un bilan contrasté de son action. Il y a eu le dirigeant et le militant. C’était un homme qui aimait son pays. Il y a aussi des Tunisiens qui se rappellent qu’il a fait du bien à son pays.»

Eric Raoult avait salué en 2009 la réélection de Zine El Abidine Ben Ali avec près de 90%, y voyant la preuve qu'«en Tunisie, beaucoup de gens aiment le président Ben Ali», rapporte le Monde.

Photo: Ben Ali /REUTERS

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