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L'Histoire n'en est pas à sa première crise grecque

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The Globe and Mail, Nouvel Obs

L'Histoire est-elle un éternel recommencement? Dans un rapport d'analyse récent, la banque suisse UBS rappelle que les premières crises des dettes souveraines remontent à la Grèce antique...

Costa Vayenas, l'économiste responsable de cette étude, s'est intéressé aux précédents historiques de la crise grecque. Comme le rapporte The Globe and Mail, Entre 377 et 373 avant Jésus-Christ déjà, une crise de la dette souveraine avait ébranlé la seconde conféderation athénienne: 11 Etats sur 13 n'avaient pas pu rembourser leurs créances.

A l'époque moderne en 1345,  le roi d'Angleterre n'avait également pas pu rembourser son prêt aux banques italiennes, déclenchant ainsi «une énorme crise financière» en Europe. Costa Vayenas note d'ailleurs qu'au cours de leur histoire, les pays européens ont souvent eu des difficultés à rembourser leurs emprunts (la France a fait défaut à 8 reprises par exemple). Mais depuis les cinquante dernières années, ce sont surtout les marchés émergents qui ont été touchés puisqu'ils s'endettent en devises étrangères sur lesquelles l'Etat souverain n'a par définition aucun contrôle.

Si malgré ces exemples historiques, vous souhaitiez malgré tout vous lancer dans ce genre d'investissements, l'auteur prévient que la perte supportée par les créanciers («haircut») est en moyenne de 50% lorsque le souverain fait défaut. Pour résumer, si vous prêtez 100 euros à un Etat, vous avez de fortes chances de ne récupérer que la moitié de votre mise. La rentabilité minimum avoisinerait les 18% tandis que le seuil maximum atteindrait les 70%.

Aujourd'hui les économistes s'accordent pour dire que la crise grecque fut révélatrice de deux échecs majeurs de l'Union économique et monétaire: le manque d'incitation à la discipline budgétaire et l'absence d'outil de résolution des crises souveraines. De son plongeon dans l'Histoire, Vayenas relève 5 autres leçons sur lesquelles il faudrait méditer:

  • les défauts surgissent par grappes
  • les dettes libellées en monnaie non émise par le souverain sont beaucoup plus dangereuses
  • les créanciers ont peu de pouvoir dans les négociations
  • il n'y a pas de règles établies pour restructurer
  • la crise actuelle est différente de celles des années passées où cela ne concernait que les marchés émergents

Alors que le ministre grec des Finances affirmait mardi que la Grèce n'entendait pas restructurer sa dette, le professeur Kenneth Rogoff également cité dans l'article du Globe and Mail, se montre bien plus pessisimiste. Selon lui, si l'euro parvient à survivre à la crise, d'autres Etats risquent malgré tout d'emboiter le pas à la Grèce.

Image de Une: Devant le Parthénon à Athènes  John Kolesidis / Reuters

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