Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Il Fatto Quotidiano, La Repubblica, Rue 89, L'Espresso
Les mots sont prononcés par Maurizio Gasparri, représentant d’Il Popolo della Libertà au Sénat italien. Le PDL, parti fondé par Silvio Berlusconi, forme la base de son alliance gouvernementale. Si la phrase a déjà fait le tour de la classe politique italienne c’est en partie à cause de la resonance particulière que la journée de mobilisation du mardi 14 décembre dernier lui a donné. La Piazza del Popolo accueuillait pour l’occasion des dizaines de milliers d'étudiants, manifestant leur mécontentement à l’encontre du projet de loi Gelmini.
Les députés devaient ainsi se prononcer en parallèle sur une réforme, qui selon de nombreux professeurs et mouvements d’élèves, accorderait au secteur privé une place beaucoup plus importante dans le système universitaire public. Pour empêcher toute forme de substitution et les probables suppressions de postes que les coupes budgétaires ne manqueraient pas de provoquer, les différents acteurs ont organisé des protestations. Le 30 novembre déjà, des centaines d’étudiants défilaient dans les grandes villes italiennes pour protéger leur vision de l'université.
D’une mobilisation destinée à «paralyser» le pays par des cortèges spontanés, on passe deux semaines après à de véritables scènes de guerre civile. Le même jour, le vote remporté au Parlement par Silvio Berlusconi permet au président du Conseil d’éviter la motion de censure qui le visait et ainsi de rester au pouvoir. Sur place, la situation dégènere rapidement et de l'épicentre de la capitale en passant par la via del Corso, les heurts entre manifestants et les forces de police se multiplient. On parle aussi de la présence de groupuscules radicaux comme les Blacks Blocs devant l'étendu des dégâts. L’auteur de Gomorra, Roberto Saviano, intervenait alors, jugeant que l’attitude des casseurs ne feraient que valider l’action du gouvernement.
Le sénateur Gasparri, interrogé par la Rai 3 lors de l’émission Agorà lundi matin, a declaré au sujet des mobilisations: «J'en appelle aux parents. Ne laissez pas vos enfants participer aux manifestations. On y trouve des assassins potentiels.» Il déclenche aussitôt une levée de bouclier.
Les réactions se sont donc succédées. L’opposition a dénoncé le propos par l’intermédiaire d’Anna Finocchiaro, homologue de Gasparri au Sénat mais du côté du Partito Democratico (PD):
«L’insistance avec laquelle Maurizio utilise certaines phrases pour décrire les faits est particulièrement dangereuse. Au regard de la particularité du cas, il serait nécessaire de baisser d’un ton et de ne pas alimenter les tensions. Cela laisse penser que certains cherchent à instrumentaliser cette situation.»
La protestation devrait prendre une toute autre ampleur mercredi 22 décembre, date à laquelle le texte de la réforme Gelmini devrait être définitivement adopté, lors de sa troisième lecture. L'Italie garde néanmoins des séquelles de ces derniers affrontements. La publication de photos, notamment sur facebook, ont poussé l'agresseur d'un adolescent de 15 ans à se dénoncer, peu après que les mouvements étudiants ont qualifié son geste d'injustifiable.
Photo: Maurizio Gasparri / Giorgio Winklers via Flickr CC License by