La rébellion de
Gianfranco Fini porte un coup dur au gouvernement Berlusconi: lundi 15
novembre, quatre ministres, proches du rival du cavaliere, ont présenté
leur démission. Et si la démarche ne suffit pas à entraîner la chute du
gouvernement de Silvio Berlusconi, liée à un vote de confiance au
parlement, elle marque une nouvelle étape dans l'effritement de
la coalition au pouvoir, explique l’Express.
Gianfranco Fini est en
guerre ouverte avec le président du
conseil italien depuis son exclusion du Peuple de la Liberté en juillet
dernier. Le lendemain de son départ, Fini annonce la création d’un
nouveau groupe parlementaire: Futur et Liberté
pour l’Italie. Le divorce est consommé. Début septembre, dans un discours
politique à Mirabello, l’ancien leader d’Alleanza Nazionale dresse un
tableau noir du PDL, le parti de Silvio Berlusconi. Irrité, le président
du conseil caresse l’idée des élections anticipées. Mais il n’en est
rien, et la situation s’envenime: début novembre, dans un discours
devant les membres de son nouveau parti, Gianfranco Fini appelle à la révision de
l’agenda politique du PDL, sous menace de démission des secrétaires
d'Etat issus de sa formation, explique Il Corriere della Sera. Une
menace que Fini mettra à exécution.
Conséquence: Silvio Berlusconi est dans une
situation délicate. S’il conserve la majorité au Sénat, le gouvernement
pourrait être mis en minorité dans la chambre et chuter. Le PDL condamne
ce départ: cité par Il Corriere della Sera, Maurizio Sacconi, ministre
du Welfare, parle de «trahison». Pour Fabrizio
Cicchitto, président du groupe parlementaire du Peuple de la liberté, il
s’agit d’une «grave
erreur politique».
Le
président de la République a convoqué les
présidents de la Chambre et du Sénat: «craignant une guerre de tous, Giorgio Napolitano
veut exploiter
autant que possible ses prérogatives», explique Il Sole 24 Ore.
En effet, la situation
est compliquée: si la Ligue du Nord confirme sa loyauté au premier,
Umberto Bossi se préoccupe surtout du destin du fédéralisme, mesure à
lui très chère, et n’est donc pas opposé à l’hypothèse d’un nouveau
gouvernement Berlusconi, avec un exécutif ouvert à Fini et peut-être
même à Casini (leader du parti de centre-droit UDC). Une hypothèse
pourtant écartée par le président du Conseil italien, explique Il Corriere
della Sera.
Et puis, il y a le
problème du budget 2011, qu’il faut voter en urgence. Dans une lettre
aux présidents des deux chambres du Parlement, Berlusconi demande d'attendre que le
budget soit définitivement adopté avant tout vote sur une motion de
censure ou de soutien à l'exécutif, explique l’Express. Pour le
cavaliere, ce vote est essentiel pour garantir «une stabilisation
positive de notre cadre économique et financier».
«Malgré le sens de
responsabilité générale, même ce point sera marqué par les tensions», déplore Il Sole 24 Ore. Les
opposants de Berlusconi craignent en effet que le gouvernement ne
retarde le vote afin de gagner du temps.
Quelle stratégie va
donc adopter Silvio Berlusconi? Dans un éditorial paru dans La Stampa,
le journaliste Marcello Sorgi explique que le premier a encore quelques flèches à
son arc.
Berlusconi est sûr de pouvoir gagner au Sénat, et croit pouvoir éviter
le pire à la chambre. Voilà pourquoi, pour le journaliste, cette crise
marque «le
début d’une campagne qui dans les jours à venir, en attendant le vote
du budget, sera conduite à tous les niveaux, porte à porte, député après
député».
Autre flèche à l’arc
de Berlusconi: pour Marcello Sorgi, le premier est convaincu qu’«il suffit de
rester immobile pour arriver aux élections». Pour Sorgi, le
cavaliere parie sur cela: Berlusconi penserait que «toute la confuse
agitation de ses adversaires, au Parlement comme sur les plateaux télé,
va jouer en sa faveur».
Photo: Silvio Berlusconi / la-moncloa.es via Wikimedia Commons CC