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Il y a six façons de sourire

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The Times of India, The Sydney Morning Herald

Le sourire de la Joconde n'est pas le seul qui ait suscité des interrogations. Une équipe de chercheurs de l'Université de Californie à Berkeley s'est penchée sur le sourire humain... et a découvert qu'il en existe six types que l'on peut regrouper en deux grandes catégories, raconte le Times Of India.

Il y a d'abord les sourires orientés vers soi-même: des sourires qui «ne sont pas forcément le signe que vous voulez vous rapprocher de l'autre personne ou être conciliant envers elle», explique au Sydney Morning Herald le docteur Emiliana Simon-Thomas. Parmi eux, il y a le «sourire de Duchenne», un sourire vrai, et sain. Son nom vient du médecin neurologue français Duchenne de Boulogne, qui avait compris qu'un vrai sourire de bonheur est formé non seulement par les muscles buccaux, mais aussi par les muscles oculaires. Vient ensuite le sourire séducteur, et faussement timide, celui où la personne regarde du coin de l'oeuil, la tête tournée. Et enfin, le sourire amusé, celui qui est provoqué par une bonne blague, et qui peut même nous faire renverser la tête en arrière.

Mais il n'y a pas que des sourires tournés vers soi-même: il y a aussi les «sourires sociaux», ceux qui souhaitent créer un lien avec autrui. Parmi eux, bien évidemment, le sourire d'amour: la tête penchée, et le regard doux. Mais aussi le «sourire intéressé», qu'on exprime en levant les sourcils et en bougeant à peine les lèvres. Et enfin, le sourire embarrassé, mal à l'aise: on baisse le regard, et parfois même la tête.

Et attention aux nuances: le sourire d'amour est «une étreinte, il est bienveillant, il est très différent du sourire séduisant, qui est plus tourné vers le plaisir sexuel», explique Emiliana Simon-Thomas.

Et la Joconde, dans tout ça, comment sourit-elle? Pour le comprendre, il faut délaisser le domaine de la science et aborder celui de l'art. Dans un article publié sur Slate, Philippe Douroux explique que

Pierre Rosenberg, l'ancien président du Louvre, parie sur le sourire de plénitude, au sens propre du terme, d'une femme enceinte. Daniel Arasse, l'auteur de Histoires de peintures et de On n’y voit rien, livre un détail essentiel. «En fait, c'est Léonard qui a inventé l'idée de faire un portrait avec un sourire. Il n'y a pas de portrait souriant avant La Joconde, à l'exception du tableau d'Antonello de Messine, l'Homme qui rit, conservé à Cerfalù, en Sicile.» Et celui qui dit avoir mis vingt ans pour aimer La Joconde ajoute une perfidie. «Antonello est un très grand peintre, mais son sourire, en fait un rictus, n'est pas réussi et produit l'effet d'une grimace.» Léonard de Vinci aurait en somme, le premier, demandé à son modèle: «un sourire…», «a smile…», «cheeeese…» Mona Lisa sourit, sans niaiserie, parce que son mari la comble et qu’il a commandé son portrait à Maître Léonard. Il s’agit donc encore d’une plénitude, sociale cette fois. Mais pourquoi ce sourire devient-il fascinant? Parce ce qu’il s’oppose ou fait le lien, comme on voudra, avec le chaos du second plan. Il y a la sérénité d'une femme et un paysage chaotique, incohérent. Les deux agissent comme un oxymoron visuel se renforçant en s’opposant. Le chaos devrait mener à l’effroi, il porte le sourire de Mona Lisa, l’épouse comblée de Francesco del Gioconde.

Photo: La Gioconda, Wikimedia.

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