France

Les enfants d'immigrés, moins bien payés et plus au chômage

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Etude de l'INED (format PDF), L'Express

L'Ined et l'Insee sortent une étude fracassante [PDF] sur l'accès à l'emploi des immigrés, où l'on apprend que le taux de chômage de l'ensemble des hommes immigrés est de 11%, contre 8% pour la population majoritaire homme, mais surtout que la situation est pire pour les hommes enfants d'immigrés que pour les immigrés eux-mêmes, avec 13% de taux de chômage.

Plus en détail, 21% des enfants (hommes) d'immigrés d'Afrique sub-saharienne et 17% des enfants (hommes) d'immigrés du Maghreb sont au chômage, soit plus du double des hommes de la population majoritaire (constituée de «l'ensemble des personnes, numériquement les plus nombreuses, qui résident en France métropolitaine et qui ne sont ni immigrées, ni natives d'un DOM, ni descendantes de personnes immigrées ou natives d'un DOM»). Chez les femmes, le taux monte à 29% pour les descendantes d'immigrés d'Afrique sub-saharienne, soit près de trois fois le taux de chômage des femmes de la population majoritaire (10%).

L'Insee et l'Ined ont enquêté entre septembre 2008 et février 2009 en France métropolitaine sur un échantillon de 21.000 personnes. Les deux organismes estimaient essentiel d'améliorer les connaissances sur «les trajectoires sociales et les conditions de vie des migrants et leurs descendants dans la société française» au vu des débats publics sur l'immigration.

La discrimination ne s'arrête pas à l'accès à l'emploi, puisque les immigrés et descendants d'immigrés sont également moins bien payés que la population majoritaire, note L'Express dans une interview avec l'un des auteurs de l'enquête. Les immigrés d'Afrique sub-saharienne, par exemple, gagnent en moyenne 12% de moins que la population majoritaire, leurs enfants 6% de moins. Cette disparité salariale ne se retrouve pas chez les femmes d'origine immigrée pour deux raisons, explique-t-il:

«Premièrement, les femmes immigrées et filles d'immigrés se retirent plus facilement que les femmes de la population majoritaire du marché de l'emploi. Seulement 58% des femmes immigrées et 65% des femmes descendantes d'immigrés sont en emploi. Il y a donc un effet sélection. Il est également possible que les immigrées femmes soient tout simplement moins victimes de discriminations que les hommes. Les stéréotypes contre les immigrés sont en effet en général plus forts envers les hommes que les femmes.»

Ces discriminations (accès à l'emploi et disparités de salaires) ne se retrouvent pas chez les immigrés européens et leurs descendants.

«Pas facile de se sentir français lorsqu'on est d'origine immigrée», en conclut Libération, qui retient que la moitié des immigrés ayant acquis la nationalité française ont le sentiment de ne pas être perçus comme des Français, tout comme 37% de leurs enfants. Et pourtant, 82% des immigrés naturalisés ont le «sentiment d'être français», tout comme 89% de leurs enfants.

Photo: Une affiche d'offres d'emplois Eric Gaillard/Reuters

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