Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Il Corriere della Sera, Avvenire, European Jewish Press
Jusqu'à quand David Irving abusera-t-il de notre patience? se demande le quotidien italien l'Avvenire. Quelques jours à peine après avoir comparé Auschwitz à Disneyland, le négationniste anglais annonce qu'il entame une tournée de camps de la mort et d'autres sites installés par l'Allemagne nazie en Pologne, raconte EJP. Dans une brochure publiée sur son site Focal Point Publications, David Irving parle d'un «voyage inoubliable» et d'opportunité de voir «la vraie histoire».
Affirmation étonnante pour le chef de file des historiens négationnistes, rappelle Il Corriere della Sera. On comprend alors pourquoi le projet irrite plusieurs organisations antiracistes et juives, qui qualifient le voyage de visite honteuse, un scandale et un outrage: un négationniste qui veut mener des «touristes» de différents pays dans les camps de la mort pour leur expliquer sa version des faits... La tâche s'annonce difficile. Un porte-parole d'Auschwitz a déjà annoncé qu'il prendra les «mesures adéquates» si Irving tient des propos qui nient ou amoindrissent la portée de l'Holocauste. En gros, Irving risque d'être incriminé sur-le-champ. Peut-être qu'il ne se rendra donc pas à Auschwitz, mais il compte en tout cas se rendre à Treblinka.
Le prix de ce «voyage inoubliable»? 2.650 euros, tout compris. Pas étonnant alors que certains considèrent la tournée comme une façon de se faire de la pub et de renflouer les caisses d'Irving qui, étant donné sa fréquentation des tribunaux, ne roule pas sur l'or. En 2006, l'historien anglais a été arrêté et condamné à trois ans de prison en Autriche, pour négationnisme.
Mais Irving, qui est arrivé le 21 septembre à Varsovie, se montre tranquille. Les critiques envers son voyage ne le touchent pas, il ne croit pas qu'on va lui bloquer l'accès à Treblinka. «On verra bien. S'ils le font vraiment, et s'ils utilisent la violence pour m'empêcher de rentrer, c'est qu'ils utilisent des techniques nazies.» Oui, nazies. Irving insiste bien sur le terme: «Je n'ai pas employé ce terme par hasard. Je le dis clairement: techniques nazies. Et dans ce concept, j'inclus le recours aux forces de l'ordre pour empêcher notre liberté de mouvement.»
Un car de touristes, peut-être même plus, aurait prévu de suivre Irving. D'après l'historien, la tournée attire beaucoup de monde. Les participants viennent de différents pays européens, mais aussi des Etats-Unis et d'Afrique du Sud. Le voyage durera une semaine, et inclut la région des lacs Mazury, le quartier général de Himmler ainsi que celui de Hitler à Rastenburg, Varsovie et les lieux de l'opération Reinhardt (une phrase en code des SS qui désigne le projet d'extermination des juifs de Pologne). Soixante-cinq ans plus tard, sur son site, Irving la nomme «la controversée Opération Reinhardt».
Photo: David Irving, Wikimedia.