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Une conférence mondiale pour sauver l’humanité

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The Observer, Le Monde

Pour l’instant passé inaperçue, la 35e Conférence internationale sur la physique des hautes énergies (ICHEP 2010) qui s’ouvre à Paris lundi est un événement majeur. Et pas seulement pour un millier de spécialistes venant de plus de 40 pays parmi lesquels tous les responsables scientifiques des plus grands accélérateurs du monde (Fermilab, à Chicago, LHC à Genève...).  Cette année, raconte Ian Sample dans The Observer, il y a un petit supplément de buzz. Pour la première fois en effet, les chercheurs du Grand collisionneur de hadrons (LHC) présenteront officiellement leurs résultats à leurs confrères du monde entier. On y parlera de protons, de «boson de Higgs», de «quarks excités» et pour rire, on se demandera si le LHC ne va pas purement et simplement détruire notre bonne vieille planète…

La machine du Cern nourrit en effet bien des fantasmes, poursuit Ian Sample, ce qui n’est pas nouveau pour les physiciens, habitués à être accusés de jouer avec la vie depuis les années 50. Et si, par un retournement de situation, finalement, au lieu de se laisser accuser d’être des docteurs Folamour en puissance, ces chercheurs n’utilisaient pas leurs connaissances et leurs laboratoires pour rechercher ce qui pourrait nous sauver des réelles catastrophes capables de détruire l’humanité dans son ensemble?

Ces catastrophes sont connues et sont pour beaucoup, les revers de la médaille de la recherche: armes technologiques, intelligence artificielle, biologie synthétique, etc… heureusement testées pour l’instant à l’état de scénarios pour films de science-fiction. Etrangement, peu de labos ont mis en place des travaux pour les identifier ou pour préparer l’humanité à y faire face. Au point que, selon un chercheur, il y a plus de travaux sur la mouche que ces risques existentiels. L’humanité n’est bonne qu’à apprendre de ses expériences directes, comme Tchernoby, les tsunamis : nous n’agissons qu’après les catastrophes. Or, on voit bien que si l’on parle de menaces sur l’humanité, la possibilité d’apprendre de l’expérience est assez réduite. Voire nulle.

Le débat sur le principe de précaution, les angoisses millénaristes de certains écologistes juqu’au-boutistes et la surveillance des chercheurs ne sont pas nouveaux, mais les scientifiques doivent s’interroger à la fois sur leurs pratiques et la création d’une nouvelle relation de confiance. Certains souhaiteraient qu’un panel d’experts soit interrogé sur certaines grandes expériences pour mesurer sinon leurs impacts au moins pour pointer les risques éventuels. Ce qui permettraient de demander aux chercheurs de clarifier les points en suspens et angoissants.

A Paris, la communauté scientifique s’intéressera davantage aux découvertes qu’à la fin du monde, écrit Sample, mais il y a des leçons à apprendre des angoisses liées au LHC et cela va au delà de la physique des particules : «nous pouvons faire face à une menace sur notre existence d’ici la fin du siècle, et pour y faire face, nous devons changer notre façon de voir.» Et le LHC pourrait bien nous y aider. Notamment pour faire à la catastrophe écologique ultime : la «décroissance du vide».

Photo Représentation de la « mer » de particules à l'intérieur d'un proton (image disponible à la photothèque du CNRS : [email protected]).

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