VGE, président du cool trente ans avant Obama
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VGE, président du cool trente ans avant Obama

Fanny Arlandis -

Valéry Giscard d'Estaing est mort ce mercredi 2 décembre à l'âge de 94 ans. Tout au long de sa vie politique, l'ancien président de la République n'aura cessé de tenter de se construire une image d'homme moderne, en rupture avec les chefs d'État précédents.

Le 26 janvier 1964 – Valéry Giscard d'Estaing s'est s'engagé en politique dans le Puy-de-Dôme en devenant député en 1956. Après avoir été secrétaire d'État aux Finances de 1959 à 1962, il devient ministre des Finances et des Affaires économiques de 1962 à 1966. Sur cette photo prise en 1964, on le voit chasser près de Moscou, à Podmoskovye, au cours d'un voyage officiel. VGE a toujours revendiqué une passion pour la chasse, en évitant d'insister sur le fait qu'il aimait particulièrement chasser les grands animaux, une pratique que nombre de Français trouvaient éthiquement problématique. «Chasser est un sport, on peut marcher des dizaines de kilomètres en pistant un animal, expliquait-il dans une interview au Figaro. Mais le vrai plaisir est celui procuré par la nature.»

Le 4 juin 1973 – Georges Pompidou, atteint par la maladie de Waldenström, meurt le 2 avril 1974, deux ans avant la fin de son mandat. VGE, alors ministre de l'Économie et des Finances, est candidat à la présidentielle anticipée. Sur cette photo, prise pendant la campagne électorale, on le voit jouer au football à Chamalières, près de Clermont-Ferrand. Il s'agissait d'un match disputé entre les élus municipaux et les commerçants de la ville devant un parterre de journalistes. Selon L'Obs, VGE, après un but égalisateur sur penalty, se serait prêté dans les vestiaires à une interview d'après-match torse nu dans laquelle il aurait dit «avec une modestie surjouée»: «Un ministre des Finances, c'est un Français comme les autres.»

Le 24 juin 1973 – VGE étant issu de la grande bourgeoisie parisienne, il tentera tout au long de sa carrière politique de casser cette image en mettant en scène sa participation aux loisirs populaires. On le voit par exemple sur cette photo jouer de l'accordéon avec l'accordéoniste Yvette Horner en 1973, à Montmorency, lors du deuxième Festival mondial de l'accordéon.

Avril 1974 – VGE, alors candidat à la présidence de la République, joue à la pétanque avec le politicien Jacques Médecin (troisième à gauche), maire de Nice. À droite, le photographe Raymond Depardon filme la scène. VGE avait fait appel à lui pour l'aider à réaliser une campagne à l'américaine. Depardon l'accompagnera tout au long, jusqu'à l'élection. Le film intitulé 1974, une partie de campagne n'est sorti qu'en 2001, l'ancien président n'ayant apparemment pas souhaité sa diffusion après la réalisation.

Août 1974 – VGE emporte la présidentielle au second tour face à François Mitterrand et devient le plus jeune président de la République depuis 1848. Pour ses premières vacances, le couple présidentiel décide de se rendre à Saint-Jean-Cap-Ferrat dans le sud-est de la France. VGE affiche un style cool, persuadé que la modernité est une affaire d'image. Pour cela, raconte Paris Match, le nouveau président «laisse trois journalistes pénétrer dans l'antre de son intimité».

Décembre 1974 – 466 enfants des écoles de Paris et de Seine-Saint-Denis ont vu apparaître le président aux côtés de Nounours, à l'occasion de la cérémonie de l'arbre de Noël des enfants du personnel de l'Élysée. Le journal France Soir a raconté ce face-à-face dans son édition du 20 décembre, relate Paris Match: «À la fin du spectacle, Gros Nounours […] posa à son jeune auditoire une devinette: “Il n'est pas petit. Il est plutôt grand. Il a beaucoup de travail. Il a beaucoup de responsabilités. Qui est-ce?” “Monsieur Giscard d'Estaing”, crièrent d'un seul cœur les enfants.»

Courchevel, le 16 février 1975 – VGE aimait particulièrement le tennis et le ski. Un peu moins d'un an après son arrivée à l'Élysée, près de soixante journalistes, photographes et caméramans couvrent ses vacances à Courchevel. Un reportage télévisé, visible sur le site de l'INA, le montre sur ses skis descendant les pistes. Dans les commentaires, le journaliste note que «pour les spécialistes, le président pratique un ski un peu trop raide. On lui reproche un manque de souplesse et une trop grande recherche de vitesse pure.»

Fanny Arlandis

Fanny Arlandis

Journaliste, elle écrit principalement sur la photographie et le Moyen-Orient pour Le Monde, Télérama et Slate.

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