La klecksographie, qui donne son nom à la série du photographe français Olivier Valsecchi, est une technique datant du XVIIIe siècle qui consiste à déposer de l’encre sur une feuille de papier et à plier la feuille; on obtient alors une tache symétrique.
C’est cette technique qui inspira au psychiatre Hermann Rorschach le test qui prit son nom: système d’évaluation psychologique dans lequel un individu dit ce qu’il voit dans ces taches, et ce qu'il y voit doit révéler quelque chose de lui. La série Klecksographie dit aussi beaucoup de son auteur. Par Charlotte Pudlowski
Lotus | «Après avoir reçu le prix Hasselblad, je devais réaliser une série sur le thème “évocation”. Or j'aime bien respecter très précisément les thèmes qu'on me donne mais aussi le détourner. Les tests de Rorschach correspondaient très bien à cela.»
Mana 1 | Sur ces taches d'encre, Valsecchi voit d'emblée des corps. C'est ce sur quoi il travaille le plus souvent (c'était déjà le cas dans sa série Dust); c'est ce qu'il voit partout: «Je peux regarder le ciel et voir des formes humaines. Là c’était flagrant, j’ai très vite cerné des formes et même des visages sur ces tests.»
Alien | Le photographe assure aussi avoir été influencé par le morceau The Dreaming, de Kate Bush, qu'il écoutait en boucle à l'époque, «une chanson avec beaucoup de bruits, de voix gutturales, comme des monstres qui parlent».
Eagle | Valsecchi n'a pas cherché à faire une réplique des tests de Rorschach, il s'en est simplement servi comme point de départ pour ensuite réaliser des «sculptures humaines».
Vénus 2 | Chacune de ces sculptures, réalisées dans la réalité (aucun photomontage) a pris au moins trois heures.
Mana II | «C’était extrêmement dur de gérer sept modèles en même temps, nus, symétrqiues.»
King | Mais l'aspect psychiatrique, ou psychanalytique de ces tests demeurent, dans une sorte de mise en abîme. Ces photos deviennent l'interprétation des taches par le photographe, et tout spectateur de ces images peut livrer son analyse de cette interprétation.
Vénus 3 | «Le public, dans son regard sur mes photos, me renvoie parfois à des choses que je n’avais pas vues, parfois très douloureuses.»
The Dress | «Un galeriste à Lille a par exemple insisté sur le manque de bras, sur le fait qu’il y avait beaucoup de bras amputés. Je ne m’en étais même pas rendu compte. La symbolique du bras, c’est le lien vers l’extérieur: on serre la main, on prend les gens dans ses bras et je me suis dit que j’avais peut-être du mal avec les relations intimes. Que j’avais du mal à établir ces liens. Cette analyse résonnait très fort en moi.»
Minotaure