Il photographie les animaux de la ferme avec les mêmes procédés ou éclairages que n'importe quelle image de mode réalisée dans un studio. Les clichés de Rob MacInnis ont pour but de «critiquer le portrait et la photo de mode, mais aussi notre relation à la photographie», explique-t-il. Ce travail est exposé au Festival Photo La Gacilly jusqu'au 30 septembre 2017.
Rob MacInnis
«J'ai commencé à travailler sur ce projet après avoir réfléchi au travail accompli lors de mes années à la Nova Scotia College of Art and Design, au Canada. J'ai toujours été passionné par les limites qui se posent dans la compréhension de chacun et par le gouffre qu'il peut y avoir entre soi et les autres.»
Rob MacInnis
«Lors d'un cours sur l'éclairage et la photo studio, j'ai pris des photos d'un âne et je trouvais que ce travail illustrait bien cette question. J'avais des photos intimes d'un individu (cet âne) qui est un être que je ne comprendrai jamais vraiment, mais avec lequel je semblais être intrinséquement relié.»
Rob MacInnis
«Je me suis donc lancé dans un projet qui avait pour but d'incarner les efforts que je produisais pour commenter le langage visuel de la photographie, ses utilisations actuelles et son histoire, en mettant l'accent sur un sujet: l'animal de ferme. L'animal de ferme incarne une dualité puissante: un sujet visuel intéressant mais qui est aussi souvent négligé, incompris et maltraité. La règle principale était de rendre le sujet le plus magnifique possible. J'ai donc installé des lumières dans les granges des fermes et j'ai passé des heures à photographier, photographier et encore photographier.»
Rob MacInnis
«L'idée était d'essayer de recréer des photographies que j'avais déjà vues, mais avec un sujet étrange –l'animal de la ferme. Traditionnellement, les animaux de la ferme sont utilisés comme des allégories ou des métaphores et leur intégration dans une photographie se veut drôle, comique ou folle. Mes intentions étaient plus sérieuses que cela.»
Rob MacInnis
«Je considère mon travail comme une critique du portrait et de la photo de mode, mais aussi de notre relation à la photographie. Il questionne comment nous désirons ardemment mentir, montrer l'impossible d'une telle manière que nous le croyons. J'essaie d'imaginer une autre réalité, qui serait peut-être mieux pour nous.»
Rob MacInnis
«Je suis gêné par la photographie de mode et la photographie en général qui représente les humains dans des situations idéalisées, tout comme de nombreux films hollywoodiens. C'est une fonction du système capitaliste qui nous incite constamment à être mécontents de nous-mêmes et nous sommes au même moment submergés d'exemples de meilleur “moi”, de meilleure vie, de meilleur “vous”. Cela se poursuit avec Instagram qui par exemple semble être généralement une compilation de choses, de situations et d'expériences qui nous réjouissent alors que nous essayons constamment de convaincre les autres que nous avons une meilleure vie que nous n'avons réellement.»
Rob MacInnis
«Mon projet a débuté comme une moquerie de la photographie de mode, mais il semble aujourd'hui élargi à d'autres problématiques. L'utilisation des animaux en tant que sujet crée une situation absurde et j'espérais ainsi déclencher une réflexion sur la photographie en insistant sur le fait que les photographies sont nos créations, et non uniquement des documents de la réalité.»
Journaliste, elle écrit principalement sur la photographie et le Moyen-Orient pour Le Monde, Télérama et Slate.