Dans la fabrique à images des Oscars
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Dans la fabrique à images des Oscars

Grégor Brandy -

Chaque année, les photographes attendent le passage des acteurs et actrices, et du monde du cinéma et du divertissement sur les tapis menant au Dolby Theatre de Los Angeles. Parmi eux se trouvent ceux de Getty Images. Pour Georges De Keerle, directeur de la photographie en Europe et responsable de l’entertainment, il s'agit d'un des évènements les plus importants de l'année. Au total, cette année, plus de 80.000 photos ont été prises. Les éditeurs n'en conservent en moyenne qu'une sur dix. En voici quelques-unes que vous n'avez pas forcément vu ailleurs.

Kate Bossworth sur le tapis, avant d'arriver à la fête organisée par le magazine Vanity Fair, en 2016. «On essaie d'être créatif dans notre façon de voir l'évènement. Les photographes ne peuvent pas se balader partout. […] On va essayer d'avoir quelque chose de plus intéressant que des gens qui posent devant des panneaux de marques. C'est assez compliqué. Il y a des murs de photographes, donc même si l'on est très créatif, c'est compliqué. En revanche, on a certains accès qui nous permettent d'être un peu plus aventuriers.»

Leonardo DiCaprio et Kate Winslet, lors des Oscars 2016. «La victoire de Leonardo DiCaprio, c'était l'histoire de ces Oscars. Le moment où il se lève et où il embrasse Kate Winslet, c'est un moment un peu plus exclusif que d'autres. Moins de photographes y avaient accès, ce qui fait qu'il y a pas mal d'authenticité dans ce qui a été photographié. […] Lors de l'annonce de l'Oscar du meilleur acteur, nous avions un photographe sur le balcon, et au moins un autre dans la salle, Christopher Polk, qui selon moi, a la meilleure séquence de Kate Winslet embrassant Leonardo DiCaprio avant qu'il ne monte sur scène.»

Jon Hamm et James Corden, lors de la fête organisée par Vanity Fair, en 2016. «Sur la journée de dimanche, il y a eu ce que l'on appelle 26 “évènements. Ce sont des chapitres dans l'histoire des Oscars. Cela va des fêtes, au tapis rouge, en passant par le show lui-même, aux backstages…» 

 Le selfie d'Ellen DeGeneres, en 2014, vu de dos.

Julianne Moore reçoit l'Oscar de la meilleure actrice en 2015. «Visuellement, on va essayer d'avoir certaines images qui sortent un peu lot: qu'elles soient en noir et blanc ou un peu filtrés, avoir une couleur façon Instagram. On cherche aussi à avoir des visions panoramiques ou des images à 360 degrés. On essaie de faire de plus en plus de vidéos.» 

Charlize Theron et Emily Blunt arrivent sur scène, lors des Oscars 2016. «J'ai réintroduit dans la photo people le côté un peu reportage que l'on ne voyait que sur du news, ou sur des sujets plus sérieux, avant. J'ai voulu –photographiquement parlant– que sur la mode, ou sur des évènements, on réintroduise un peu ça. C'est vrai qu'on a les accès qui nous le permettent, et c'est important. Si vous êtes une toute petite agence, et que vous n'avez qu'un ou deux photographes sur place, vous allez assurer la photo classique pour ne pas prendre de risques. Essayer de s'en écarter, c'est prendre un risque, et c'est quelque chose que l'on peut se permettre.»

 Jimmy Napes et Sam Smith, lors des Oscars 2016.

Jennifer Lopez arrive sur le tapis rouge, en 2015. «Une bonne photo doit être authentique. Si la personne pose, c'est bien pour montrer ce qu'elle porte, mais c'est vrai qu'avoir un échange entre deux personnes ou un regard lui apporte de l'authenticité, ce qui lui donnera beaucoup de valeur ajoutée.»​ 

Sam Smith sur scène, lors des Oscars 2016. «On essaie d'aller très vite pour publier certaines photos. Si le photographe a un appareil équipé, les images sont envoyées directement sur des serveurs, qui redistribuent les images qui sont visibles en temps réel par les éditeurs, qui eux, les sélectionnent, les légendent et les distribuent. On peut envoyer la photo dans les 20 ou 30 secondes. En moyenne, cela prend deux minutes entre le clic du photographe et la publication de la photo.»

Jennifer Lawrence et Lupita Nyong'o, en 2014. «On n'a pas pu prendre en compte la polémique #OscarsSoWhite, cette année. Le seul évènement qui avait vraiment une connotation afro-américaine, c'était la Mercedes Benz USA and African-American Film Critics Association Viewing Party où il y avait beaucoup de gens –dont Jamie Foxx– de couleur. Mais sinon, on ne peut pas. On photographie ce que l'on voit.»

«C'est amusant cette année d'aller sur Instagram et de faire une recherche sur #Oscars. Vous avez le contenu des célébrités, qui sont devenues des photographes. Et elles publient elles-mêmes leurs propres photos qui sont parfois beaucoup plus intimes qu'elles ne permettraient à d'autres de le faire. Il y a des photos que l'on n'aurait jamais pu faire ou qui seraient arrivés devant la justice si on les avait réalisées nous-mêmes.»

Grégor Brandy

Grégor Brandy

Journaliste à Slate.fr

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