Dans une société chinoise qui tend à nier l’individu, l’artiste Liu Bolin a décidé de prendre le régime à la lettre et de montrer, par des photographies, une société qui fond ses citoyens dans les décors. Cette star de l’art chinois, en délicatesse avec le régime, fête ses 40 ans cette année. Diaporama de David Rosenberg traduit et adapté par Charlotte Pudlowski.
Panda, 2012, Liu Bolin. Galerie Paris-Beijing
Avant d’être photographe, Liu Bolin a d’abord été sculpteur. Cet artiste chinois ne s’est mis à la photographie qu’après 2005, quand son studio, dans le village de Suo Jiacun, fut détruit dans le cadre d’un mouvement de restructuration en prévision des Jeux Olympiques de Pékin.
Supermarket II, 2010, Liu Bolin. Galerie Paris-Beijing.
La première image de Liu Bolin, parmi de nombreuses explique-t-il, dans lesquelles «l’environnement se saisit» de lui, le représente couvert de peinture, s’intégrant dans les ruines de son studio d’artiste. A partir de là, Bolin a commencé à se «cacher» dans toute une variété de contextes et environnements. Le résultat est la série «Hiding in the city» («Se cacher dans la ville»).
Monastery, 2009, Liu Bolin. Galerie Paris-Beijing.
«Les lieux que je choisis doivent faire référence de façon très forte à des symboles comme la politique, l’environnement, la culture, etc. que j’entends évoquer», a expliqué Bolin à Slate.com dans une interview par mail.
Chinese bookshelf, 2012, Liu Bolin. Galerie Paris-Beijing.
«Dans mes œuvres, les arrière-plan expriment l’information la plus importante, les points de tension apparaissent quand mon corps se fond dans différents décors; un reflet de la société vu par mon prisme».
Sleeping lion, 2012, Liu Bolin. Galerie Paris-Beijing.
Inspiré par Picasso et Andy Warhol, Bolin travaille avec une équipe d’assistants qui passent environ cinq heures à le camoufler une fois qu’ils ont choisi le décor. Bolin est sa propre doublure, se glissant dans le cadre tandis que les meilleurs angles sont choisis. «Puis je change de vêtements, me met à la place prédéfinie, instruisant mes assistants de la meilleure manière de me peindre».
Civilian and Policeman II, 2006, Liu Bolin. Galerie Paris-Beijing.
Bolin utilise un groupe d’assistants en Chine et une autre équipe à l’étranger. Il travaille désormais avec un Hasselblad numérique, préfère la lumière naturelle, et utilise de la peinture à l’eau pour son camouflage.
American Flag, 2007, Liu Bolin. Galerie Paris-Beijing.
Cet artiste star est aussi controversé. Ses détracteurs lui reprochent de se répéter au fur et à mesure des années, ne changeant que de décor, jamais d’idée.
In front of the party’s flag #2, 2007, Liu Bolin. Galerie Paris-Beijing.
Dénonçant la surconsommation, la pollution, il est aussi un artiste un peu bling bling. Ce paradoxe agace. Mais c’est celui de l’homme invisible devenu mondialement connu.
Sawmill, 2010, Liu Bolin. Galerie Paris-Beijing.
Mobile Phone, 2012, Liu Bolin. Galerie Paris-Beijing.
Bust stop, 2012, Liu Bolin. Galerie Paris-Beijing.
Decorated with the locomotive, 2008, Liu Bolin. Galerie Paris-Beijing.