Santiago Arcos, un jeune photojournaliste de 22 ans, travaille depuis trois ans sur la Ciénega, un petit village d'Equateur où plus aucun enfant ne vit. Il souligne une réalité plus large qui touche de nombreux villages reculés peuplés uniquement par les personnes âgées. La série entière de Santiago Arcos est visible sur son site internet.
Santiago Arcos
«Pendant longtemps, ce chemin est resté l'unique route pour atteindre le village de la Ciénega. Il se situe à quarante minutes de la grande route. On y voit souvent des ours, des serpents. Récemment, une nouvelle route a été construite pour permettre à une compagnie pétrolière d'installer un gazoduc.»
Santiago Arcos
«Maria Mateo à droite, est la plus âgée du village. On pense qu'elle a plus de cent ans. Elle est sourde, muette et aveugle. A gauche, Hortencia Mateo, sa nièce, prend soin d'elle. Elles vivent ensemble en haut d'une colline qui surplombe le village.»
Santiago Arcos
«Cette photographie date de ma toute première visite. C'est la seule que j'ai gardé. Il s'agit de l'unique jouet encore présent dans la Ciénega et qui prouve que des enfants ont vécu ici. L'installation du gazoduc a redonné un peu d'espoir car des personnes sont revenues vivre au village pour devenir gardes. Mais c'est malheureusement éphémère, quand la construction sera terminée, ces habitants retourneront en ville.»
Santiago Arcos
«Ce bâtiment est un des seuls du village en béton. Il s'agit d'une école qui n'a servi que pendant trois années. Elle a fermé il y a dix-huit ans, lorsque les dernières familles ont quitté le village pour la ville. Aujourd'hui, les animaux, comme cette chèvre, s'en servent d'abri.»
Santiago Arcos
«Bolivar Quimi marche dans la rue principale du village. Toutes les maisons autour sont abandonnées. Sa femme, ses trois enfants et ses deux petits-enfants ont quitté la Ciénega pour aller vivre en ville, mais Bolivar refuse de quitter le village où il est né. Les habitants de ce village ont tous une relation très intime avec cette terre.»
Santiago Arcos
«J'ai pris cette image trois semaines après la mort d'un des frères d'Ignacia Quimi qui habitait le même village. Ce jour-là, elle portait encore ses habits de deuil.»
Santiago Arcos
«César Mateo, le frère d'Hortencia, se repose dans son salon. Il vit lui aussi avec sa tante et n'a jamais été marié. Il passe la majeure partie de ses journées à écouter la radio.»
Santiago Arcos
«La terre de ce village est très fertile mais ses habitants manquent cruellement de système d'irrigation et il ne pleut que très rarement. Quand j'ai commencé ce reportage, il y avait un marais à l'extérieur du village qui permettait aux habitants d'irriguer leurs champs, mais il est aujourd'hui complétement à sec.»
Santiago Arcos
«Un camion apporte toutes les semaines de l'eau potable pour la vendre aux habitants. Sur cette photographie, Ignacia Quimi nettoie son bidon avant son arrivée.»
Santiago Arcos
«Gerónimo Avelino est le plus jeune des habitants. Il a soixante-cinq ans. Il tente d'attraper une vache pour la vendre aux personnes que l'on aperçoit au second plan. Il est très rare que des produits ou des animaux du village soient vendus à l'extérieur.»
Santiago Arcos
«Les habitants mangent leurs productions et leurs propres animaux, qu'ils tuent à la main.»
Santiago Arcos
«Les croix de ce cimetière sont en "wassango", un bois très solide. C'est le même qui est utilisé pour les murs des maisons. J'aime cette photographie parce que je trouve que les différentes utilisations de ce bois entretiennent une sorte de relation. La tradition en Equateur est d'être enterré dans le village où on est né.»
Santiago Arcos
«Une fois par an, pour "le jour des morts", les proches viennent rendre visite à leur famille et en profitent pour se recueillir sur les tombes. Cette même fête est l'occasion pour tous les habitants de se retrouver. Une soirée est organisée dans le village, ils mangent ensemble, boivent de la bière, dansent pendant douze heures.»
Santiago Arcos
«Le lendemain de la fête des morts, tous les visiteurs s'en vont, la vie retrouve son cours et le village son silence. Parfois certains se réunissent pour jouer aux cartes et boire un verre, mais c'est très rare. En général, ils sont juste là, et attendent.»
Journaliste, elle écrit principalement sur la photographie et le Moyen-Orient pour Le Monde, Télérama et Slate.