A l’aide d’une chambre posée sur un trépied, Pino Musi s’est rendu dans les salles d’opération d’hôpitaux du sud de l’Italie. Il ne prend qu’une image à chaque fois, exactement cinq minutes après l’intervention, juste avant que le personnel ne fasse le ménage. 08:08 Operating Theatre n’est pas considéré comme un livre, mais comme une note composée de sept images, de sept variations esthétiques. Fanny Arlandis
Comme la plupart de ses idées, celle-ci lui est venue une nuit. «Cependant, dans mon travail, l’élément le plus important n’est pas l’idée mais la méthode par laquelle l’idée évolue et prend forme», constate le photographe.
Pino Musi a débuté ce travail à 8h08 un jour de mars, d’où le nom choisi pour sa «note». Le but de son travail est la «mise en lumière du temps suspendu de l’espoir». Il veut montrer la bataille pour la vie.
Le choix de la chambre s’impose à lui depuis des années et requiert d’autant plus de rigueur qu’il a besoin d'«un degré de concentration et de tension extrêmes».
Il lui faut parfois attendre huit heures avant de pouvoir accéder à la salle. Il ne dispose ensuite que de quelques minutes pour installer sa chambre et faire le cliché. «Les décisions que je devais prendre en terme de temps et d’espace étaient décisives», explique-t-il.
Sa démarche, il la conçoit comme une lutte entre le photographe (sa machine) et les éléments du lieu, semblables à ceux d'un champ de bataille: le sang, les traces de lutte.
En voyant les compresses à même le sol, les gants souillés de sang, l’utilisation du noir est blanc s’est imposée à lui. Il veut ainsi «éviter une reconnaissance immédiate des éléments facilement spectaculaires qui auraient donné un autre sens à mon travail».
Pino Musi a déjà publié 80 ouvrages, dont la plupart sont autoédités pour garder sa liberté. Celui-ci montre un travail fin, resplendissant par sa simplicité, agrémenté de textes de théâtre d’Antonin Artaud.
