En Afrique du Sud, les Fourmis rouges expulsent des habitants dans le sang
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En Afrique du Sud, les Fourmis rouges expulsent des habitants dans le sang

Fanny Arlandis -

Apparues à la fin des années 1990, les «Fourmis rouges» sont les employés d'une société de sécurité privée spécialisée dans l’expulsion à Johannesburg. Le photographe sud-africain James Oatway les a suivis pendant un an, documentant le travail de ces «miliciens» en tenue caractéristique (casque et combinaison rouges) connus pour leur violence. Sa série photographique est exposée au festival Visa pour l'Image de Perpignan du 1er au 16 septembre 2018.

 

«J'ai travaillé sur ce projet entre janvier et décembre 2017. J'ai toujours été intéressé par les Fourmis rouges, mais comme j'étais photographe pour un journal, je n'ai jamais trouvé le temps avant. Ce n'est que lorsque je suis devenu indépendant que j'ai eu assez de temps. Cette photo a été prise avant l'aube, quand les Fourmis rouges attendent les ordres avant de partir pour une opération dans le centre-ville, au sud de Johannesburg.»

«Je trouve absurde qu'il y ait une place dans notre société pour une milice qui utilise les pauvres pour violer les droits humains des personnes issues de ces mêmes communautés pauvres… pour le compte de riches. Cette photo montre une résidente expulsée qui fait face aux Fourmis rouges alors qu’ils expulsent les résidents d’un immeuble du centre-ville de Johannesburg.»

«Sur cette photo, des Fourmis rouges se battent avec les personnes d'une communauté défendant leurs maisons. La communauté s'est installée sur des terres privées et a construit des cabanes dessus. Les Fourmis rouges ont exécuté un ordre de “démolition” sur le site de Vlakfontein, au sud de Johannesburg, entraînant la mort d'au moins deux membres de la communauté.»

«De nombreuses Fourmis rouges se couvrent le visage ou portent des masques lors des opérations. Parfois, il s’agit de protéger leur identité, par crainte de représailles, car ils expulsent des personnes de leurs propres communautés. Parfois, c’est uniquement pour intimider les gens.»

«Sur cette photo, des Fourmis rouges expulsent une petite communauté d'un terrain contesté dans Capital Park, à Pretoria. Certains membres de la communauté affirment y avoir vécu pendant trente ans. Un consortium appartenant à des Blancs, qui prétendent être les propriétaires légitimes de la terre, a obtenu une ordonnance du tribunal pour expulser la communauté. Celle-ci s'est vu proposer des logements alternatifs dans un “village conteneur” à la périphérie de la ville.»

«Les Fourmis rouges sont embauchés par des propriétaires privés et le plus souvent par le conseil municipal (le gouvernement local) qui a en général obtenu des décisions de justice pour expulser des personnes. Ils sont souvent escortés par la police. Sur cette photo, un capitaine des Fourmis rouges porte deux enfants lors de l’expulsion des habitants d’un bâtiment de Bree Street, à Johannesburg.»

«Catherine Mathebula s'effondre alors que son fils Kenny l’escorte du bâtiment où ils vivaient à Bree Street, Johannesburg. Quelques semaines plus tard, ils ont été expulsés à nouveau d'un autre bâtiment.»

«Le gouvernement est censé fournir aux personnes expulsées un logement alternatif, mais cela ne se produit pas toujours. Si c'est le cas, elles doivent vivre dans des tentes ou d'autres bâtiments mal entretenus. Sur cette dernière image, des Fourmis rouges expulsent les habitants et détruisent une installation informelle près de Pomona à Johannesburg.»

Fanny Arlandis

Fanny Arlandis

Journaliste, elle écrit principalement sur la photographie et le Moyen-Orient pour Le Monde, Télérama et Slate.

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