Une photographe à sa fenêtre
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Une photographe à sa fenêtre

Marie Salomé Peyronnel -

Découverte en France grâce à sa série parisienne, la photographe Gail Albert Halaban s'octroie le privilège d'épier ses voisins en pointant son objectif sur leurs fenêtres. Cette Américaine expose pour la premiere fois à Paris la série initiale, celle des fenêtres de New York. Elle présente à Slate.fr cette série: «Out my window». 

Jusqu'au 2 mai, Gail Albert Halaban à la galerie Esther Woerdehoff

Out My Window, Brooklyn, Painting, sans date | «J’étais partie pour devenir médecin. Pendant mes études de médecine j’ai travaillé dans un hôpital psychiatrique pour enfants et on m’a confié une mission qui m’a fait réaliser que ma vocation était la photographie. Je devais filmer des mères souffrant de désordres psychiatriques pour voir si leurs maladies avaient un impact sur leurs enfants. Je préférais la documentation et la rencontre des familles à toute la recherche médicale.»

Out of my window, Upper East side, 1438 Third avenue. Baby at window. 2008 | «Je n’ai jamais cessé de photographier les liens entre les individus et la vie de diverses communautés. Depuis 1998, je suis plusieurs groupes de jeunes femmes vivant à New York, Los Angeles et Mexico. L’idée de départ était de photographier ces bandes d’amies juste avant leur 30 ans pour voir comment elles vivent et se construisent les unes par rapport aux autres mais le projet ne s’est jamais arrêté. Certaines sont devenues mères, d’autres ont divorcé…»

 Out of my window, Midtown east 57 East 57th Street into the Four Seasons 2010 «Quand je photographie les intérieurs de new yorkais depuis chez leurs voisins mon approche s’inscrit aussi dans cette démarche. Je m’interroge sur les manières dont différentes familles évoluent et vivent dans une même ville. L’architecture joue souvent sur nos liens avec nos voisins et l’intimité d’une famille. Si au Bhoutan il est crucial de connaître ses voisins, à Paris la proximité est telle qu’on apprend à ignorer parfaitement les gens qui vivent à côté ou en face.»

Out My Window, West 22nd Steet looking north | «Ce projet Out my Window a commencé en 2007. Mais l’idée est née en 2005 quand, pour l’anniversaire de ma fille, le fleuriste de l’autre côté de la rue nous a envoyé des ballons en voyant qu’on organisait un goûter! Même s’il ne nous avait jamais rencontrées, il l’avait vue grandir par la fenêtre et voulait participer aux célébrations!»

Out my window, Chelsea West 26yj Street Between Broadway and 6th avenue 2009 «Ce qui motive mon choix c’est de trouver des appartements avec un vis à vis intéressant et une belle fenêtre. Je cherche ces lieux via les réseaux sociaux ou bien par relations d’amis. Quand je demande aux gens s’ils veulent participer [ce qui implique d'aller contacter les voisins pour aller prendre la photo depuis chez eux) ils sont toujours partants! Je pense que ce qui est éloigné et a priori inaccessible attise forcément la curiosité. L’appart des voisins en fait partie…»

Out My Window, Chelsea, 20 West 29th Street, Ace Hotel, Woman Cleaning Window, Last Room of the Day, 2010 | «Je n’utilise pas de zoom. Ce qu’on voit sur chaque photo, c’est vraiment ce qu’on peut voir à oeil nu. Les gens ne réalisent pas le degré de détails auquel on a accès depuis l’immeuble d’en face. Résultat, ils ne rangent pas particulièrement et ne préparent pas la décoration, c’est donc très réaliste et naturel.» 

Out My Window, Flatiron, 5th Avenue 19th Street, American Apparel | «Je suis fascinée de découvrir qu’en étendant mon projet new yorkais à des pays étrangers (en France et bientôt aux Pays Bas et au Bhoutan) je n’ai toujours que quelques degrés de séparation avec la plupart des participants. J’apprécie que des liens se créent aussi grâce et autour du projet.»

Out My Window, Chelsea, West 29th Street, Preparing for Dinner Party, 2008 «Chaque shooting engendre une rencontre entre les voisins. Et à Paris, les modèles du projet se retrouvent aux événements accompagnant la sortie de mon livre Vis à Vis paru chez La Martinière. Résultat, une véritable petite communauté de gens ayant participé aux photos ou aidé à trouver des fenêtres a fini par se former.»

Out of my window, Chelsea Penn south Anita checking on Lou | «En travaillant sur cette première série new yorkaise et en comparant ensuite à Paris ou Berlin, j’ai réalisé qu’on a à Manhattan une moins grande richesse de lieux.»

 Out My Window, Astoria, Queens, Bridges at Night, 2008 | «A New York, il y a seulement une dizaine d’appartement types; tous les lofts se ressemblent en étant systématiquement allongés avec de hauts plafonds et des fenêtres devant et derrière. Å Paris, j’ai le sentiment qu’il n’y a pas un appartement identique!»

Marie Salomé Peyronnel

Marie Salomé Peyronnel

Marie Salomé Peyronnel est journaliste freelance pour Glamour, Stylist, Technikart et Vanity Fair.fr. Auteure du Livre qui console (Flammarion) illustré par Joann Sfar.

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