Depuis le départ de l'ancien Président ukrainien, Viktor Ianoukovitch, le 22 février, les regards se tournent vers la Crimée où les tensions s'accentuent. Jeudi 27 février, des dizaines d'hommes armés ont occupé les bâtiments du Parlement régional de Crimée à Simferopol.
C'est dans cette petite péninsule pro-russe du sud de l'Ukraine que le photographe Maxim Dondyuk a travaillé en 2011, 2012 et 2013, s'intéressant au quotidien du camp d'entraînement militaire de jeunes cosaques.
Avec «The Crimea Sich» le jeune photographe ukrainien nous plonge dans l'univers de ces jeunes, âgés de 7 ans à 16 ans, qui se forment au combat, aux armes à feu et apprennent la rigueur orthodoxe.
Maxim Dondyuk a récemment gagné le prix Magnum «30 under 30», ouvert aux moins de trente ans.
Maxim Dondyuk
«J'ai découvert ce camp en 2010 pendant un reportage sur les Tatars de Crimée pour différents journaux. Je n'étais alors resté que quelques heures pour shooter quelques images, mais je m'étais promis de revenir pour raconter une histoire entière.»
Maxim Dondyuk
«Alors en 2011 et 2012, j'ai passé deux semaines là-bas (toute la durée d'un camp) chaque année. Ensuite en 2013, j'y suis retourné pour tourner un petit documentaire, mais sans faire beaucoup d'images.»
Maxim Dondyuk
Pendant deux semaines, ces jeunes de 7 ans à 16 ans apprennent à se battre, à faire des marches, à se servir d'une arme ou encore à maîtriser l'escalade.
Maxim Dondyuk
Le camp est divisé en trois unités, deux qui s'entraînent pendant que la dernière est assignée au camp.
Maxim Dondyuk
Les enfants «ne sont pas obligés de rester au camp, s'ils éprouvent des difficultés, ils peuvent partir», insiste le photographe.
Maxim Dondyuk
Au sein du camp, la religion occupe une place très importante. Les cosaques sont des chrétiens orthodoxes. «Si nous les entraînons à tuer sans leur donner d’enseignement spirituel, nous en faisons des tueurs ordinaires, pas des défenseurs de la Mère Patrie», a par exemple confié un des animateurs à Maxim Dondyuk.
Maxim Dondyuk
Depuis 2005, les cosaques, ardents défenseurs de leur patrie et des traditions, sont intégrés à l'armée russe.
Maxim Dondyuk
«Le nom de ce camp, "sich" est un nom en langue slave parlé dans l'Est et dérivé du verbe "sikty" qui signifie "couper". C'est l'idée d'éclaircir une forêt pour y installer un campement ou pour construire une fortification avec les arbres coupés.»
Maxim Dondyuk
«"Sich" désignait aussi le quartier général au sein duquel se trouvait l'église, les dépendances et les hébergements.»
Maxim Dondyuk
«Sich était le centre de l'activité et de gestion de tout ce qui était relatif à l'armée.»
Maxim Dondyuk
«L'avantage de ce travail, c'est que je n'étais pas en commande, poursuit Maxim Dondyuk, je ne devais rendre de comptes à personne.»
Maxim Dondyuk
«Pour moi, chaque reportage que j'effectue est une analyse d'un évenement, à une période donnée. Je ne suis pas intéressé par les stéréotypes et j'ai besoin de comprendre la situation par moi-même. J'aime beaucoup le journalisme gonzo et j'essais au maximum de me fondre dans le sujet que je photographie.
Maxim Dondyuk
«Dans le camp de Sich, je suis devenu un de ces cosaques. J'ai vécu dans les mêmes conditions, j'étais avec eux lors des entraînements, j'ai mangé la même chose, j'ai joué aux cartes avec eux…»
Maxim Dondyuk
«La seule différence c'était que je faisais également des photos et des vidéos, mais j'ai tenté de montrer les cosaques tel que je les voyais.
Maxim Dondyuk
«Pour les comprendre, je n'ai pas fait que de les observer, je les ai également longuement interviewés.»
Maxim Dondyuk
Quand on l'interroge sur les difficultés auxquelles il a dû faire face, Maxim Dondyuk insiste sur le comportement à adopter en tant que photographe. «Il est important de connaître les règles de psychologie de base pour communiquer avec les gens et être honnête avec eux.»
Maxim Dondyuk
«Les cosaques ne m'ont pas perçu comme un étranger, je faisais partie de leur troupe, témoin des joies comme des difficultés. Encore aujourd'hui, je corresponds avec les animateurs et je les skype régulièrement.»
Journaliste, elle écrit principalement sur la photographie et le Moyen-Orient pour Le Monde, Télérama et Slate.