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Marseille 2014: simulez les résultats du second tour des municipales

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En apparence, tout pourrait être simple. En 2008, l'UMP avait sauvé la mairie de Marseille pour moins de 1.000 voix, celles qui séparaient au second tour, dans le IIIe secteur (la ville est divisée en huit secteurs regroupant chacun deux arrondissements), son candidat Renaud Muselier de celui du PS Jean-Noël Guérini. Pour reconquérir la mairie, il «suffirait» donc au PS d'inverser le résultat dans ce secteur-clé et de garder le Ier secteur, qu'il avait gagné de justesse en 2008 avec à sa tête Patrick Mennucci, qui dirige ses listes cette année.

Tout pourrait être simple… mais tout est beaucoup plus compliqué. D'abord, parce qu'une grosse variable supplémentaire est apparue dans l'équation: le FN. En 2008, très mauvais cru pour lui, le parti n'avait dépassé les 10% que dans deux secteurs, les VIIe et VIIIe, décrochant au passage un seul élu au conseil municipal.

S'il répète le 23 mars les 21% de Marine Le Pen en 2012 —les différents sondages le créditent actuellement d'un score approchant—, il devrait être au contraire en position de se maintenir partout ou quasiment partout, comme en 1995. Pour lui, cela voudrait dire 5 à 10 sièges au conseil municipal; pour la gauche, une droite considérablement handicapée dans sa reconquête du Ier secteur ou la conservation des IIIe et VIe secteurs.

Listes PRG, listes Diouf...

Mais si la gauche a des chances crédibles de l'emporter, le paysage y a aussi beaucoup évolué. Le candidat de 2008, Jean-Noël Guérini, a été mis en examen dans plusieurs dossiers et a dû abandonner la présidence de la fédération PS et celle du département. La maire sortante du VIIe, Sylvie Andrieux, réélue d'extrême justesse aux dernières législatives face au leader local du FN Stéphane Ravier, a elle été exclue du PS après sa condamnation (l'affaire est en appel) pour détournement de fonds publics.

Pour choisir son candidat, le parti a mené une primaire ouverte tendue, qui a sacré le maire du Ier secteur Patrick Mennucci au détriment de celle du VIIIe Samia Ghali, qui a été accusée publiquement d'avoir menée une campagne déloyale par la ministre déléguée aux Parsonnes handicapées et à la Lutte contre l'exclusion Marie-Arlette Carlotti, battue au premier tour. C'est à cette dernière que revient la rude tâche de remporter le IIIe secteur face au maire sortant Bruno Gilles, avec des sondages annonçant un résultat serré.

Très proche de Jean-Noël Guérini, la maire sortante du IIe secteur, Lisette Narducci, qui a quitté le PS après s'être présentée en dissidente aux législatives, est elle candidate à sa succession, sous l'étiquette PRG, sur les listes présentées par le professeur en médecine Jacques Soubeyrand. A cette concurrence à gauche, il faut ajouter celle de l'ancien président de l'OM Pape Diouf, qui se lance, avec notamment le soutien de personnalités MoDem et écologistes, à la tête d'une liste «société civile» que le PRG regarde avec intérêt;  et les communistes qui, contrairement à 2008, font liste à part, avec un potentiel qui dépasse les 10% dans plusieurs arrondissements (le score de Mélenchon oscillait entre 11% et 19% en 2012).

Pas de majorité absolue?

Mais le paysage a aussi bougé à droite, où celui qui était souvent vu comme dauphin de Gaudin, Renaud Muselier, a abandonné cette ambition après sa défaite aux dernières législatives face à Marie-Arlette Carlotti. C'est donc une nouvelle fois Jean-Claude Gaudin qui mène la majorité, avec lui aussi des têtes de liste renouvelées dans plusieurs arrondissements et une dissidence (isolée), celle du maire sortant Robert Assante dans le VIe secteur.

Pour l'emporter, le PS mise notamment sur l'usure du capitaine, 74 ans, présent au conseil municipal depuis 1965 et maire depuis 1995. Un maire à qui il attribue une partie de la montée du FN dans la ville: en 1986, Gaudin avait passé un accord avec le parti de Jean-Marie Le Pen pour gouverner la région Paca, où la droite ne disposait que d'une majorité relative.

Une absence de majorité qui pourrait se répéter le 30 mars: comme le montre notre simulateur, il est parfaitement possible que ni la droite ni la gauche n'emportent, pour la première fois à Marseille, la majorité absolue des sièges. En juillet dernier, Gaudin avait rejeté la possibilité d'un accord électoral avec le FN.

Jean-Marie Pottier

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