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Paris 2014: simulez les résultats du second tour des municipales

L'hypothèse la plus «crédible» qui verrait la droite gagner de justesse à Paris repose sur des gains mineurs. Cela constituerait un vrai miracle.

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À Paris, le chiffre magique n'est pas 50% + 1 voix mais 82 sièges, le seuil de la majorité absolue au conseil municipal. Celui qui permettrait à Nathalie Kosciusko-Morizet de faire rebasculer la capitale à droite, dimanche 30 mars, treize ans après la victoire de Bertrand Delanoë et une semaine après être arrivée en tête au premier tour.

Avec notre simulateur du scrutin, nous avons cherché, au lendemain du premier tour, à calculer comment elle peut y arriver –et c'est compliqué.

Si elle obtenait les mêmes résultats qu'en 2008, la droite parisienne était assurée de conserver 61 sièges au Conseil de Paris. Mission quasi accomplie. Au premier tour, les listes UMP ont déjà remporté quatre arrondissements. Si les victoires faciles dans le Ier et le XVIe ne rapportent pas de siège en plus par rapport à 2008, celles dans le VIe et le XVIIe valent en revanche un siège de plus chacune. Eliminée dès le premier tour dans le XXe en 2008, la droite est depuis dimanche assurée d'y remporter au moins un siège. Un bug: le Ve arrondissement, où l'ensemble de ses listes devancent celles de gauche d'un point seulement au premier tour, avec une dissidence très forte (Dominique Tibéri, fils de Jean) et un FN en position d'arbitre.

Il manque donc 18 sièges pour atteindre le chiffre magique. Et là les choses se compliquent. Les listes NKM ont très peu de réserves de voix. La droite ne peut tabler que sur d'excellents reports de voix des électeurs frontistes (5% à 7,5% par arrondissement), la mobilisation en sa faveur d'abstentionnistes du premier tour ou des mauvais reports ou une démobilisation à gauche.

Tentable, difficile, impossible

Nous avons classé les arrondissements restants en trois catégories.

Tentable. Dans trois arrondissements, la droite peut gagner un siège en augmentant son total de premier tour de 1,5 à 3 points, notamment en attirant une part substantielle du vote FN. Si le IIIe arrondissement restera à gauche, elle peut y gagner un siège en dépassant 33%, de même que dans le XXe en faisant mieux que 25%. Dans le XVe, le maire sortant Philippe Goujon, qui a écrasé Anne Hidalgo au premier tour (vingt points d'avance), devra faire plus de 60% pour améliorer son total de sièges.

Difficile. Dans cette deuxième catégorie, c'est six à neuf points de plus qu'il faut. Soit pour gagner un siège de plus, comme dans le XIe ou le XVIIIe, deux fiefs de gauche. Soit carrément pour regagner un arrondissement, les IVe et IXe (sans doute théoriquement les plus «basculables», mais qui ne valent que deux sièges supplémentaires) ou le XIVe (qui en vaut lui six de plus, mais où les listes NKM et divers droite plafonnent autour de 41,5%).

Le scénario «reconquête insuffisante»: la droite grappille des sièges dans ses bastions et refait basculer le IVe, le IX et le XIVe. Total: gauche 84 sièges, droite 79 sièges.

Impossible. Là, il faut l'avouer, on ne voit pas comment la droite pourrait augmenter son total. Pour faire basculer les XIIe, IIe ou XIIIe, il faudrait par exemple qu'elle augmente son total de premier tour de plus de dix points; pour gagner un siège de plus dans le très à gauche XIXe aussi. Quant à la palme du second tour inutile, elle risque d'être gagnée par le Xe arrondissement: avec un total de premier tour supérieur à 26%, la droite devrait empocher un siège sur sept, comme en 2008, et pour en gagner un second, il lui faudrait dépasser… 50%.

La victoire miraculeuse: la droite ajoute dans son escarcelle le XIIe arrondissement, où ses deux listes atteignent 40% au premier tour. Total: gauche 78 sièges droite 85.

Au final, l'hypothèse la plus «crédible» qui verrait la droite gagner de justesse à Paris repose donc sur des gains mineurs dans toute une série d'arrondissements (IIIe, XIe, XVe, XVIIIe, XXe) ET sur une bascule dans quatre (IVe, IXe, XIIe et XIVe). Cela constituerait un vrai miracle ou, comme aime à le dire sa candidate, «un moment de grâce».

Jean-Marie Pottier

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