France

La région de Marseille n'est pas la plus sanglante, mais celle avec le plus de réglements de compte

En termes d'agressions physiques, crapuleuses ou non, les Bouches-du-Rhône arrivent derrière Paris et la Seine-Saint-Denis, deux départements néanmoins plus urbains. Mais elles ont rassemblé l'an dernier plus du tiers des réglements de comptes entre malfaiteurs.

Des enquêteurs sur les lieux du crime à Marseille, le 19 août 2013. REUTERS/Philippe Laurenson.
Des enquêteurs sur les lieux du crime à Marseille, le 19 août 2013. REUTERS/Philippe Laurenson.

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La journée du mardi 20 août a été marquée par un impressionnant déploiement de force ministériel à Marseille: le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, et pas moins de cinq ministres se sont rendus sur place pour annoncer la mise en place de nouveaux moyens policiers au lendemain d'un énième réglement de comptes dans la cité phocéenne, le meurtre d'un homme de 25 ans.

«Il s’agit du 13e réglement de comptes mortel recensé dans la ville et sa région depuis début 2013, après une année 2012 particulièrement sanglante (24 morts dans les Bouches-du-Rhône), un chiffre auquel il faut rajouter dix blessés dans neuf tentatives», rapporte l'AFP. Une image de violence qui colle à la peau de la ville, comme le relevait en mars le blog judiciaire Présumé Innocent:

«Si l’on compare le nombre d’articles de la base de données Europresse dans les 12 derniers mois associant le mot "criminogène" aux cinq plus grandes communes de France (Paris, Marseille, Lyon, Toulouse, Nice), on constate avec évidence que Marseille est beaucoup plus liée à ce terme.»

40% de la population des Bouches-du-Rhône

La cité phocéenne est devenue symbolique des réglements de compte entre bandes et à un an des municipales, la violence de la ville et la peur de certains habitants devient un enjeu électoral crucial. Mais Marseille est-elle vraiment la ville la plus violente de France?

La ville concentre plus de 40% de la population du département des Bouches-du-Rhône et, selon les chiffres rendus publics par la Direction Centrale de la Police Judiciaire, le «numéro 13» évolue effectivement en haut de classement en ce qui concerne la délinquance.

Pour les atteintes volontaires à l'intégrité physique, qui regroupent aussi bien les crimes passionnels que les agressions et les réglements de compte, les Bouches-du-Rhône arrivaient en 2012 en troisième position avec un taux de criminalité de 15,45 actes pour 1.000 habitants —un chiffre en augmentation (14,99 en 2011, 14,14 en 2010). Devant, on trouve la Seine-Saint-Denis (19,90) et Paris (15,88), et derrière le Val d'Oise (12,35), le Val-de-Marne (10,99) et les Alpes-Maritimes (10,90). Sur les atteintes aux biens, le trio de tête est quasiment le même, Paris et la Seine-Saint-Denis intervertissant leur place.

Il est important de noter que les Bouches-du-Rhône concurrencent ou dépassent Paris et des départements beaucoup plus urbanisés. En dehors de Marseille, le département compte 27 communes de plus de 10.000 habitants sur un total de 119 communes. A l'inverse, sur les 40 communes de Seine-Saint-Denis, seules quatre comptent moins de 10.000 habitants.

Moins qu'en Corse en proportion

Pour comparer les départements, on peut aussi utiliser les données produites par l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP). En ce qui concerne l'ensemble des violences physiques crapuleuses (vols avec violence, prises d'otages ou encore règlements de comptes), la Seine-Saint-Denis arrive une nouvelle fois en tête avec 8,8 actes pour 1.000 habitants; suivent Paris (7,8), les Bouches-du-Rhône (6,9) et le Val-d'Oise (4,1).

En matière d'homicides non crapuleux, les Bouches-du-Rhône n'arrivent pas non plus en tête: on y a compté en 2012 25 homicides pour environ 2 million d'habitants, contre 24 pour moitié moins d'habitants dans le département voisin des Alpes-Maritimes. Cela fait donc un homicide non crapuleux pour 80.022 habitants dans les Bouches-du-Rhône, contre un pour 45.607 habitants dans les Alpes-Maritimes, ou encore un pour 65.709 habitants à Paris.

En revanche, les Bouches-du-Rhône dominent largement, en chiffres absolus, en ce qui concerne les réglements de comptes. Parmi les violences physiques crapuleuses recensées en 2012, il y a eu, sur la France métropolitaine, 63 cas de réglements de compte entre malfaiteurs: les Bouches-du-Rhône comptent à eux seuls plus du tiers de ces cas, soit 25 (dont les trois quarts à Marseille même). C'est néanmoins moins, en pourcentage de la population, qu'en Corse, qui a connu en 2012 18 règlements de compte pour un peu plus de 300.000 habitants.

F.R.

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