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Mort de Mandela: Jacques Chirac, le militant clandestin de l'ANC

Jacques Chirac et Nelson Mandela en Afrique du Sud le 26 juin 1998, REUTERS
Jacques Chirac et Nelson Mandela en Afrique du Sud le 26 juin 1998, REUTERS

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«Chirac l’Africain». En 40 années de pouvoir en tant que maire de Paris, Premier ministre et président de la République, Jacques Chirac n’a pas usurpé ce surnom tant il a tissé de liens étroits avec de nombreux pays africains et leurs dirigeants.

S’il est plus connu pour ses relations avec des chefs d’Etat africains qui ne sont pas vraiment reconnus pour leur engagement en faveur de la paix et de la fraternité, comme Omar Bongo Ondimba (Gabon), Blaise Compaoré (Burkina Faso) ou encore Denis Sassou Nguesso (République du Congo), il explique dans le deuxième tome de ses mémoires (Le temps présidentiel) qu’il a aussi eu une relation privilégiée avec Nelson Mandela, et raconte même avoir été un de ses soutiens de la première heure:

«Je m’étais moi-même engagé en sa faveur au début des années soixante-dix, en participant au financement de son organisation politique, l’ANC, à la demande du roi du Maroc. Hassan II avait constitué un réseau à cet effet, auquel j’apportais discrètement mon aide personnelle.»

Dans son livre Chirac, l’inconnu de l’Elysée paru en 2007, Pierre Péan revient sur cette affirmation pour le moins surprenante de l’ancien président français avec un chapitre intitulé «Un militant clandestin» dans lequel il relate un échange cocasse avec le sujet de son livre:

«Lors de mon rendez-vous suivant avec l’ancien député de Corrèze, j’essaie d’en savoir plus sur cet engagement militant:

- Qui pourrait confirmer votre engagement?

- Mandela…

- Il était en prison. Qui d’autre?

- Probablement Desmond Tutu.

- Au Maroc, aviez-vous un vis-à-vis?

- C’était le roi du Maroc, et il n’a pas été payé de retour. Il a soutenu l’ANC dès le départ. Le souverain, qui avait une fortune personnelle importante, versait de l’argent à l’ANC; il pensait que plus on donnait, mieux ça valait… Il avait constitué un réseau de gens qui aidaient au financement de l’ANC. Il m’avait choisi pour cela…»

Le journaliste n’a donc pas réussi à vérifier l’affirmation de Jacques Chirac, et son éventuel engagement auprès de l’ANC dès les années 1960 risque de rester un mystère: des trois témoins cités par Chirac, deux sont désormais morts (Hassan II et Nelson Mandela), tandis que le troisième, l’archevêque Desmond Tutu, a 81 ans et se fait de plus en plus rare dans les médias.

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Toujours dans ses mémoires, Jacques Chirac se félicite de n’être jamais allé en Afrique du Sud pendant le régime de l’apartheid malgré les «énormes pressions» exercées à l'époque par les autorités sud-africaines «sur les ministres français pour qu’ils acceptent de venir dans leur pays». Une affirmation qu’il est plus facile de vérifier.

Lors de sa première visite officielle en Afrique du Sud, le 26 juin 1998, le président français avait notamment déclaré lors d'un discours mémorable (et après avoir plaisanté avec son homologue sur la récente victoire de la France sur les Bafanas Bafanas à la Coupe du monde de football):

«Depuis bientôt quarante ans, mes pas m’ont mené partout. Jamais pourtant je n’étais venu chez vous. Précisément, parce que vous n’étiez pas encore ici chez vous. Parce que, sur la terre de vos pères, on vous refusait, à vous et à tant d’autres, la qualité de citoyen et d’homme. Parce qu’ici, vouloir avancer debout demeurait un combat.»

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