France

Assemblée nationale: Cahuzac, le retour impossible

Lâché par les siens après ses aveux, l'ancien ministre du Budget devrait laisser le champ libre à une partielle dans sa circonscription.

Jérôme Cahuzac, le 20 mars 2013. REUTERS/Charles Platiau.
Jérôme Cahuzac, le 20 mars 2013. REUTERS/Charles Platiau.

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Jérôme Cahuzac ayant avoué détenir un compte à l’étranger et venant d'être mis en examen, il va être politiquement difficile, pour ne pas dire impossible, pour lui de retrouver son siège de député de la 3e circonscription du Lot-et-Garonne, ce qu'il devait automatiquement faire un mois après sa démission du gouvernement, le 19 mars.

Quelques heures après ses aveux, le porte-parole du PS David Assouline a d'ailleurs affirmé durant un point presse que ses camarades de parti avaient été «trahis» et que l'ancien ministre du Budget ne devait pas prétendre «revenir comme député à l'Assemblée nationale». Un des porte-paroles des députés PS, Thierry Mandon, l'a jugé «disqualifié moralement» pour «revendiquer un mandat de parlementaire». La ministre de la Culture Aurélie Filippetti a elle eu des mots encore plus durs en affirmant sur BFM TV que «ce qui s'est passé là est tellement grave qu'il devrait définitivement quitter la vie politique».

Selon le Code électoral, le suppléant (dans le cas de Cahuzac, le radical de gauche Jean-Claude Gouget, apparenté au groupe socialiste à l'Assemblée) remplace un député qui a accepté des fonctions gouvernementales «jusqu'à l'expiration d'un délai d'un mois suivant la cessation de ces fonctions». Si celui-ci renonce à reprendre son poste à l'Assemblée, le suppléant ne reste pas en place (le Conseil constitutionnel a censuré une disposition en ce sens en 2009), mais doit passer par une législative partielle.

Il faudra donc, si, selon toute vraisemblance, l’ancien ministre du Budget renonce à siéger, une législative partielle pour le remplacer. Une très mauvaise nouvelle pour le PS qui, en décembre, a perdu un siège dans l'Hérault et a été très largement battu dans une circonscription des Hauts-de-Seine; puis, ce mois-ci, vient d'être éliminé dès le premier tour dans une partielle dans l'Oise, avant de voir une part non négligeable de ses électeurs se reporter sur le FN au second. Sans oublier que deux de ses députés des Français de l'étranger ont été invalidés, dans des circonscriptions théoriquement difficiles pour la gauche...

Bien implanté, le député sortant Cahuzac n'était pas passé loin de l'élection au premier tour en juin dernier, et avait dépassé les 61% au second face à son adversaire divers droite, Jean-Louis Costes. La candidate du Front national, Catherine Martin, candidate à Villeneuve-sur-Lot, ville dont Cahuzac a été maire, aux prochaines municipales, n'avait pour sa part remporté «que» 15,71% des suffrages au premier tour, ne parvenant pas à provoquer une triangulaire.

Mais la circonscription n'est théoriquement pas un bastion imprenable pour la droite qui, en 2002, avait réussi à en déloger Jérôme Cahuzac. On peut donc prévoir que le remplaçant de Cahuzac aura une campagne difficile à mener et que le FN tentera de profiter d'une affaire où un des anciens adversaires politiques du ministre, l'UMP Michel Gonelle, a été impliqué en tant que détenteur du fameux enregistrement clandestin.

J.-L.C. et J.-M.P.

Modifié le 3 avril 2013 à 9h50: contrairement à ce qui a été écrit initialement, Jean-Claude Gouget, suppléant de Jérôme Cahuzac, n'est pas membre du parti radical de gauche.

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