Selon les premières estimations de CSA, l’abstention du second tour de l’élection présidentielle française devrait atteindre un niveau proche de 19,6%, soit moins que les 20,53% d’abstentionnistes du premier tour mais plus que le chiffre du second tour de 2007, qui avait vu une mobilisation exceptionnelle avec seulement 16,03% d’abstention.
Ce chiffre était plutôt prévisible en connaissant le
niveau d’abstention du premier tour, comme nous l’écrivions
pendant l’entre-deux-tours. Même si cela peut sembler
contre-intuitif (on peut penser qu’une partie des électeurs dont le candidat
n’est pas au second tour soit tentée par l’abstention au second), on observe
généralement une très légère hausse de la participation au second tour de
l’élection présidentielle. «Une partie des électeurs estiment que le premier
tour est une sorte de présélection dont on connait l’issue et que le vrai choix
s’effectue au second», explique Frédéric Micheau, directeur adjoint du
département Opinion et stratégies d'
En 2002, la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour avait accentué le phénomène, provocant une mobilisation bien plus élevée au second tour qu’au premier.
Mais l’électorat n’est pas tout à fait le même au premier et au second tour. «La relative stabilité de la participation que l’on observe habituellement entre les deux tours masque une recomposition non-négligeable de l’électorat, explique Jean-Yves Dormagen, professeur de sciences politiques à l’université de Montpellier-1 et coauteur de La Démocratie de l’abstention. Il y a généralement autour de 3% des électeurs qui votent au premier tour et pas au second, et 7% d’électeurs qui votent au second mais pas au premier. Cela signifie un électorat recomposé à hauteur de 10%.»
Autre donnée importante: le CSA estime que 4,6% des bulletins étaient blancs ou nuls lors de ce second tour. Un chiffre légèrement supérieur à celui du second tour de 2007 (4,21%). Marine Le Pen, arrivée troisième au premier tour avec près de 18% des voix, avait annoncé lors de l’entre-deux-tours qu’elle allait voter blanc, mais avait laissé ses électeurs libres de leur choix.