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L'Allemagne, «invité clandestin» du débat

Lors du grand débat, les deux finalistes se sont affrontés sur l'Allemagne. Qu'en pensent les journaux allemands?

Vue d'écrans dans le studio de La Plaine Saint-Denis avant le débat. POOL New / Reuters
Vue d'écrans dans le studio de La Plaine Saint-Denis avant le débat. POOL New / Reuters

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UNE FOIS ENCORE, la comparaison avec l'Allemagne a refait surface dans la course à l'Élysée, François Hollande et Nicolas Sarkozy s'affrontant lors du duel télévisé à coups de «l'Allemagne fait dans tout domaine mieux que nous» et «l'Allemagne a fait le contraire de la politique que vous proposez aux Français». Des mots qui n'ont évidemment pas échappé à la presse allemande, qui se passionne depuis des semaines pour la présidentielle.

«À la table du studio de télévision, un “invité clandestin“ était assis à côté des deux adversaires qui se disputaient au sujet de l'avenir de la France: l'Allemagne», s'amuse le quotidien conservateur Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui, comme la plupart des grands sites d'infos, fait aujourd'hui sa une sur le duel télévisé.

Cynique, le Spiegel parle d'un « comeback inattendu » de la référence à l'Allemagne:

«Peu après que Sarkozy avait choisi les Allemands pour modèle, ils avaient vite disparu du débat. Parce qu'en janvier, lors d'une interview télé, le président avait mentionné les mots «Allemagne» et «allemand» une bonne quinzaine de fois —et pour beaucoup de Français, l'obsession de leur président pour les rivaux de l'autre côté du Rhin avait été ressentie comme étrange. Alors Sarkozy ne s'était soudain plus risqué à évoquer les réformes de Schröder ou l'augmentation de la TVA allemande. Il n'est toutefois pas certain que cela lui ait profité, cela montre surtout qu'il avance en zigzaguant.»

Pour l'hebdomadaire allemand, il s'agit du débat «le plus agressif» entre deux candidats à la présidentielle qu'ait connu la France, entre un Sarkozy qui provoquait, s'agitait, mais s'est retrouvé être la victime de sa propre tactique, ayant face à lui, en place d'un flamby, un Hollande étonnamment agressif:

«Hollande n'a pas seulement contré les attaques de Sarkozy, mais est parti à l'offensive avec force, et a confronté sans cesse le président à son bilan, avec les hauts chiffres du chômage et la dette publique. Il a pourtant réussi à avoir l'air plus présidentiel que Nicolas Sarkozy.»

Le Welt n'est pas de cet avis, jugeant que la discussion a été du même niveau que la campagne: «une déception», une «bagarre de cour de récré verbale», un «match 0:0» où les candidats n'ont cessé de manier leurs stylos de façon menaçante, au point «qu'on pouvait être contents qu'il y ait entre eux une table d'un mètre de large», note le journal.

Dans un commentaire, le quotidien de gauche taz considère que Sarkozy a définitivement échoué face à Hollande:

«Au cours de cette longue soirée, ce fut clair: les armes rhétoriques de Sarkozy sont usées, sa veine démagogique n'attire plus. Sarkozy, c'était une fois

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