France / Politique

Comment ont évolué les reports de voix depuis 1988?

Sur les trois derniers seconds tours ayant donné lieu à un affrontement gauche-droite, les reports de voix entre candidats de gauche sont restés stables, ceux du FN ont fluctué en fonction de l'attitude du candidat et ceux des centristes se sont rééquilibrés en faveur de la gauche.

Edouard Balladur à une réunion de son comité de soutien (ici Nicolas Sarkozy et Simone Veil), le 24 avril 1995, au lendemain de sa défaite au premier tour et de son ralliement à Jacques Chirac. REUTERS/John Schults.
Edouard Balladur à une réunion de son comité de soutien (ici Nicolas Sarkozy et Simone Veil), le 24 avril 1995, au lendemain de sa défaite au premier tour et de son ralliement à Jacques Chirac. REUTERS/John Schults.

Temps de lecture: 2 minutes

Quel est est l'impact des consignes de vote sur les reports de voix au second tour? Retour sur les leçons des scrutins de 1988, 1995 et 2007, qui ont donné lieu à chaque fois à des consignes de la part des candidats centristes, frontistes et d'extrême-gauche éliminés au premier tour.

1988, sans surprise

A l'issue d'un premier tour largement dominé par François Mitterrand (34,1%) face à Jacques Chirac (19,9%), le leader frontiste Jean-Marie Le Pen (14,4%) annonce à ses supporters réunis à l'occasion de la fête de Jeanne d'Arc qu'il ne veut «pas une voix pour Mitterrand» et les appelle soit à ne pas choisir soit, s'ils veulent vraiment opter pour un candidat, à voter Jacques Chirac sans «autre signification que d'éviter le pire». 65% de ses électeurs du premier tour voteront Chirac au second, selon des données TNS-Sofres, et 19% pour Mitterrand.

Du côté de l'extrême gauche, malgré l'absence de consignes de vote de la part d'André Lajoinie, Pierre Juquin et Arlette Laguiller (respectivement à 6,7%, 2% et 2% au premier tour), plus de 80% de leur électorat se reporte sur Mitterrand au second.

Quant au candidat du centre-droit Raymond Barre (16,5%), il appelle sans surprise, le soir même du premier tour, «tous ceux qui ont voté pour [lui] à voter pour [Jacques Chirac] au second tour». Un appel suivi par 81% de ses électeurs, tandis que 14% d'entre eux choisissent Mitterrand et que les 5% restant s'abstiennent. Le président sortant est réélu avec 54% des voix.

1995, les meilleurs reports FN/gauche

Si Jean-Marie Le Pen (15%) décide encore de ne pas se rallier, estimant que Jacques Chirac comme Lionel Jospin sont «des hommes de gauche du parti de l'étranger», il attaque plus durement le candidat du RPR, qualifié de «Jospin en pire». Une courte majorité seulement de ses électeurs se reportent sur Jacques Chirac (51%) et ils sont 28% à choisir Lionel Jospin tandis que les autres s'abstiennent.

A l'extrême gauche, Robert Hue (8,6%) n'appelle pas à voter pour Lionel Jospin mais seulement à «utiliser le bulletin de vote au nom de Lionel Jospin». 82% de ses électeurs suivront. Les électeurs de Laguiller sont moins nombreux à se reporter sur le candidat socialiste mais le font en majorité (62%), malgré l'absence, une nouvelle fois, de consigne de vote.

Des reports de gauche qui ne parviendront pas à faire gagner Lionel Jospin puisque 84% de l'électorat d'Edouard Balladur, soutenu par l'UDF, se reporte à la demande du candidat, sur Jacques Chirac, qui remporte finalement l'élection (52,6% contre 47,3%).

2007, les électeurs centristes divisés

En 2007, le centriste François Bayrou, sacré «troisième homme» avec 18,5% des suffrages, ne se prononce en faveur ni de Nicolas Sarkozy ni de Ségolène Royal —il avouera même en 2010 avoir voté blanc. Au second tour, ses électeurs se reportent à 40% sur Sarkozy et 38% sur Royal selon un sondage Ipsos, tandis que l'institut LH2 avancera au lendemain du scrutin que 39% des électeurs de Bayrou au premier tour ont voté Ségolène Royal au deuxième, contre 32% pour le candidat UMP et 29% d'abstentionnistes.

La même année, autour de 70% des électeurs des candidats d'extrême gauche ou écologistes, qui avaient tous appelé à voter Ségolène Royal, appliquent la consigne, selon Ipsos et LH2. Un peu moins de 10% votent pour Nicolas Sarkozy.

Et malgré l'appel de Le Pen à s'abstenir massivement, 55% à 63% de ses électeurs du premier tour se reportent sur Sarkozy, un report de voix supérieur à celui de 1995. 10% seulement environ se reportent sur Royal. Le candidat de l'UMP l'emporte avec 53% des voix.

A.R.

cover
-
/
cover

Liste de lecture