France / Politique

Comme Sarkozy, Giscard proposait deux débats d'entre-deux-tours en 1981

Dans un entretien au JDD, le président-candidat suggère deux face-à-face à son probable adversaire socialiste. Une idée qu'avait lancée en vain son prédécesseur avant sa défaite face à Mitterrand.

Le débat entre Valéry Giscard d'Estaing et François Mitterrand le 5 mai 1981. De dos, le journaliste Jean Boissonnat (Ina.fr).
Le débat entre Valéry Giscard d'Estaing et François Mitterrand le 5 mai 1981. De dos, le journaliste Jean Boissonnat (Ina.fr).

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ON NE SAIT PAS ENCORE QUEL SERA LE RÉSULTAT FINAL, mais les similitudes entre Valéry Giscard d’Estaing et Nicolas Sarkozy ne cessent de s’accumuler. Il y avait déjà les points communs sur leur mandat (deux présidents jeunes en rupture au sein de leur camp, affaiblis en fin de mandat par une grave crise économique) et sur leur affiche de campagne. Voici désormais que le président-candidat, comme son aîné il y a trente ans, propose deux débats d’entre-deux-tours à son probable adversaire socialiste François Hollande, et non pas un comme c’était jusqu’ici la tradition.

Dans un entretien au Journal du dimanche, Nicolas Sarkozy vante en effet ce «moment solennel qui fait toujours ressortir la vérité des personnalités et des projets», puis ajoute:

«Si chacun en était d’accord, je serais même prêt à participer à deux débats. Ainsi aucun sujet ne sera laissé dans l’ombre.»

Flash-back au 26 avril 1981. Valéry Giscard d’Estaing (28,3%) vient de sortir en tête du premier tour, mais avec une avance modeste sur François Mitterrand (25,9%) et des sondages de second tour qui le donnent en difficulté. Dans sa déclaration, il propose à son adversaire de ne pas avoir un débat mais deux:

«Deux débats me paraissent s’imposer, l’un sur les problèmes économiques et sociaux, l’autre sur la politique étrangère et la sécurité de la France.»

Une proposition qu’il justifie ainsi dans un entretien à France-Soir Magazine [PDF] le 2 mai 1981:

« J’ai dit deux débats pour deux raisons. La première, c’est qu’il ne faut pas simplifier à l’excès les problèmes. […] En second lieu, si on ne fait qu’un débat, […] mon adversaire […] peut penser que se faire juger ou prendre le risque d’un jugement sur un seul débat est peut-être un risque excessif. […]
—N’est-ce pas parce que vous pensez que vous êtes le meilleur à la télévision?
—Non, je crois que si nous ne faisons qu’un seul débat, vous verrez vous-mêmes que les téléspectateurs diront que c’était trop court. Ils diront: "Nous n’avons pas été complètement renseignés".»

En réalité, son grand espoir en imposant deux débats, comme l’écrivait L’Express à l’époque, est d’obliger son adversaire «à sortir du flou politique et économique qui lui a si bien réussi».

En vain: François Mitterrand n’acceptera qu’un débat, le 5 mai, arbitré par les journalistes Michèle Cotta et Jean Boissonnat. Le 6 mai, le président sortant, qui n’a pas réussi à prendre l’avantage sur son adversaire la veille, le regrette dans une interview télévisée avec Etienne Mougeotte:

«Je vous rappelle, à propos de la durée du débat hier, que j'avais proposé deux débats, pensant qu'en effet le nombre de questions à traiter justifiait deux débats.»

Le 10 mai 1981, il est battu par François Mitterrand, qui recueille près de 52% des voix.

J.-M.P.

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