3 AVRIL 2007. FRANÇOIS BAYROU PRÉSENTE SON PROGRAMME resserré dans un fasicule de 20 pages oranges, tiré à 10 millions d'exemplaires. Pendant la conférence de presse donnée à cette occasion, une journaliste lui demande si le «moment Bayrou» est passé.
Le candidat du Modem développe alors sa théorie du troisième homme:
«Depuis qu'il y a des élections présidentielles, dans les trois dernières semaines les candidats qui sont en tête sont des candidats qui subissent une érosion. Alors j'espère que la règle qui veut que le numéro 3 monte dans les trois dernières semaines, qui a été souvent ou presque toujours respectée jusqu'à maintenant, sera respectée.»
Cette «règle» n'a en fait pas été très «souvent» (et encore moins «presque toujours») respectée, à part en 2002 où Jean-Marie Le Pen était crédité en moyenne de 10,8% d'intentions de votes à un mois du scrutin pour en récolter en réalité 16,9%.
En 1995, 1988 ou 1981, les troisièmes hommes (Edouard Balladur, Raymond Barre et George Marchais) n'ont pas vu d'évolution statistiquement significative de leurs intentions de vote lors des dernières semaines de la campagne.
Et la «règle» de Bayrou ne sera pas non plus confirmée en 2007: le candidat du Modem –au plus haut mi-mars, un mois et demi avant la campagne, lorsqu'il était à égalité avec Ségolène Royal le temps d'un sondage– redescendra dans les sondages avant de finir avec 18,6% des voix, deux points derrière les prévisions des sondages du mois précédant le scrutin.