France

Qui était Mohamed Merah?

La police et les pompiers bloquent une rue à Toulouse le 21 mars 2012, REUTERS/Jean Philippe Arles
La police et les pompiers bloquent une rue à Toulouse le 21 mars 2012, REUTERS/Jean Philippe Arles

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Soupçonné d’être l’auteur des tueries qui ont fait au total sept morts à Toulouse et Montauban, Mohamed Mera est mort lors de l'assaut du Raid, a annoncé Claude Guéant.

Il avait 24 ans, et était un Français d'origine algérienne, selon l’AFP qui cite des sources proches de l'enquête. «Un jeune homme fluet d'1m70», ajoute Le Figaro, carrossier qui aurait «18 faits de violence à son actif et était jusqu'ici considéré comme un "petit délinquant"», selon Le Point. En aucun cas un homme que son entourage imaginait capable des faits dont il est désormais soupçonné.

Claude Guéant a confirmé que l’homme «avait déjà commis plusieurs infractions, dont certaines avec violence, des infractions de droit commun (...). Les infractions [sont] connues de la police française, toutes été commises sur le territoire national». Selon le Figaro, il a déjà été mis en garde à vue à trois reprises.

Salafisme

Le ministre de l’Intérieur a précisé que Mohammed Merah avait «des attaches avec des personnes qui se réclament du salafisme et du jihadisme» et se revendique d’al-Qaida, selon 20minutes.fr. Le ministre a également précisé que «sa radicalisation s’est faire au sein d’un groupe se revendiquant du salafisme» et s’est «affermie sans doute lors de deux voyages, l’un en Afghanistan et l’autre au Pakistan».

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Mohammed Merah aurait effectué «des séjours en Afghanistan et au Pakistan par le passé» selon le ministre de l'Intérieur, et une source proche de l'enquête a indiqué qu’il a été arrêté à Kandahar en Afghanistan fin 2010 pour des faits de droit commun. Les autorités afghanes auraient alors prévenu la police française, qui a rajouté son nom à partir de cette date dans les fichiers des renseignements. Le directeur de la prison afghane de Kandahar, Ghulam Faruq, aurait également affirmé à Reuters que Mohammed Merah avait été condamné en décembre 2007 à une peine de trois ans de prison, pour avoir posé des bombes dans cette région du sud de l'Afghanistan.

Si le compte Twitter du gouvernement de Kandahar précise ce mercredi 21 mars qu'il pourrait s'agir d'un homonyme.

«Les forces de sécurité de Kandahar n'ont jamais détenu un citoyen Français du nom de Mohammad Merah».

Selon notre source au Pakistan, Mehra a bien été arrêté à Kandahar en novembre 2010 et le NDS ( les services afghans) l'a interrogé et prévenu l'ambassade de France à Kaboul. Il est sorti du Pakistan fin 2011, mais ce qu'il a fait entre temps reste flou.

Rejeté par l'armée

En 2008, à l'âge de 19 ans, le jeune homme a tenté de s'engager dans l'armée de Terre à Lille, mais après avoir passé une série de tests, sa candidature a finalement été rejetée à cause de ses antécédents militaires. Il est également entré en contact avec la Légion étrangère en 2010, qui l’a «pris en compte» une nuit avant qu’il ne décide de renoncer à sa candidature.

Déjà connu de la DCRI

Claude Guéant a souligné que le suspect était «suivi depuis plusieurs années par la DCRI et ses agents toulousains», «mais jamais aucun élément laissant penser qu’il pouvait préparer une action criminelle n’était apparus» jusqu’aux attaques.

Une source proche de l’enquête a affirmé à l’AFP qu'il «fait partie de ces gens de retour de zones de combat qui ont toujours été une inquiétude pour les services». Les services de renseignement occidentaux estimaient récemment à «quelques dizaines» ces jeunes djihadistes de retour de la frontière du Pakistan et de l'Afghanistan, dont quelques-uns en France.

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Déterminé

Selon le ministre, les négociations avec le forcené ont confirmé les traits de personnalité observés à travers son comportement lors des attaques:

«Déterminé, plein de sang-froid, maître de lui.»

Il a notamment tiré à travers la porte de son appartement sur les policiers venus l’interpeller.

Un voisin d'immeuble le décrit comme «un barbu discret» qui n'a «jamais rien fait de particulier», selon le Figaro. L'envoyé spéciale de L'Express à Toulouse a pu rencontrer des amis de Mohamed Merah, du quartier des Izards qui disent que «c'est un garçon un peu fragile psychologiquement –qu'ils n'ont toutefois plus vu depuis six ou huit mois». L'Express ajoute: 

«"Il a un pet' au casque", assure l'un d'entre eux. Un jour le crâne rasé, le lendemain une barbe... Ses amis pensent qu'il a été converti par des personnes extérieures à la cité, qui prônent un islam radical. Pour eux, le frère de Mohamed Merah, Abdelkhader, avait davantage le profil. "Mohamed est un pur produit de la France, pas un produit de l'islam, il ne parlait pas de religion!", affirme l'un d'eux.»

Pourtant, Mohammed Merah aurait appelé Ebba Kalondo, rédactrice en chef de France 24, chaîne d’information qui a un canal arabophone, rapporte Francetv.fr et elle témoigne de revendications idéologiques fortes.

«Il a dit qu'il était en connexion avec al-Qaida, que ce qu'il avait fait n'était que le début [d'une importante campagne terroriste]. Il a expliqué qu'il était contre la loi sur le voile [entrée en vigueur en avril 2011] et luttait contre la participation française aux opérations de l'Otan en  Afghanistan. “Les juifs ont tué nos frères et nos sœurs en Palestine”, a-t-il ajouté.»

La famille

Mohamed Merah est issue d'une famille de 5 enfants (3 frères et deux sœurs) selon les informations du Point. Claude Guéant a parlé de «deux sœurs» et «deux frères» ayant été interpellés. Un des frères a été traqué sur Internet par les enquêteurs qui ont pu remonter la piste jusqu'à lui grâce à son adresse IP. Un des deux frères est «également engagé dans l’idéologie salafiste» et «connu pour avoir des convictions radicales lui aussi», selon le ministre, et est actuellement en garde-à-vue.

Le frère aîné, Abdelkader Merah, 27 ans, travaille dans le bâtiment et est également connu des services de police, contrairement au plus jeune des trois frères, toujours selon Le Point.

La mère a été amenée sur les lieux de l’opération du Raid par la police, mais elle «n'a pas souhaité prendre contact avec son fils», a déclaré le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant:

«Il lui a été proposé de prendre contact avec son fils, de le raisonner, mais elle ne l'a pas souhaité, indiquant qu'elle n'a guère d'influence sur lui.»

Un manque d'influence confirmé par l'avocat Christian Etelin, qui s'est confié à BFM-TV:

«La dernière fois que j'ai plaidé pour lui, c'était un vol à l'arrachée. J'étais surtout en contact avec une de ses soeurs qui était désespérée, comme sa mère d'ailleurs, de voir qu'il n'était pas possible d'avoir d'emprise sur lui. C'était un garçon qui laissait l'impression d'être poli et courtois. Il n'a jamais été dans des délinquances de violence! Je le connais depuis 2004-2005.(...) C'est en rupture totale avec ce qu'on pouvait deviner de lui!»

G.F. et C.P.

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