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Hollande en 2002, après Nanterre: «Malheur à ceux qui en feraient un élément de campagne»

Nicolas Sarkozy s'exprime devant le collège Ozar Hatorah, le 19 mars 2002. REUTERS/Eric Cabanis/Pool.
Nicolas Sarkozy s'exprime devant le collège Ozar Hatorah, le 19 mars 2002. REUTERS/Eric Cabanis/Pool.

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Les candidats ont annulé ou réduit leurs événements de campagne prévus ce lundi après la fusillade de Toulouse. En 2002, la tuerie du conseil municipal de Nanterre, en pleine présidentielle, avait provoqué le même phénomène, mais aussi une polémique sur la récupération politique du drame.

«ON N'EST JAMAIS À L'ABRI DE LA FOLIE. Est-ce que certains voudront déplacer le sujet sur le thème de l’insécurité en général? Cette histoire est tragique, horrible. Et malheur à ceux qui en feraient un élément de campagne.» L’homme qui s’exprimait ainsi s’appelait François Hollande et était à l’époque premier secrétaire du PS: le 27 mars 2002, un forcené, Richard Durn, venait d’ouvrir le feu lors d’un conseil municipal nocturne à Nanterre (Hauts-de-Seine), tuant huit élus à trois semaines du premier tour de l’élection présidentielle, avant de se suicider lors de son interrogatoire le lendemain.

«Ce n'est pas parce que nous sommes en campagne électorale qu'il faut exploiter une tragédie de cette importance», avait également déclaré à l'époque le député de la Corrèze sur France 2. Le drame de Nanterre avait en effet marqué l’actualité de la campagne, comme va probablement le faire celui qui a coûté la vie à au moins quatre personnes ce lundi 19 mars à Toulouse, lors d'une fusillade à proximité du collège Ozar-Hatorah.

Les candidats annulent des déplacements

Afin de se rendre dans la capitale haut-garonnaise, Nicolas Sarkozy et François Hollande ont respectivement annulé leur présence à une rencontre de campagne avec des cafetiers, restaurateurs et hôteliers à Saint-Mandé (Val-de-Marne) et un déplacement sur l’entrepreneuriat innovant dans le Xe arrondisssement de Paris. Les deux évènements ont néanmoins été maintenus mais seront assurés par leurs porte-parole Nathalie Kosciusko-Morizet et Najat Vallaud-Belkacem.

Selon le porte-parole du PS Benoît Hamon, qui tenait un point presse lundi matin, «chacun comprendra qu’aujourd’hui la campagne présidentielle est suspendue». Le candidat socialiste, qui devait être l’invité vedette du Grand et du Petit Journal de Canal+ le soir, n’assistera finalement qu’à la première partie de l’émission.

François Bayrou, qui a réclamé «des gestes […] forts d’unité nationale», a annulé sa participation au Salon du livre pour se rendre à Toulouse, mais a maintenu une réunion publique prévue à Grenoble dans la soirée. Le responsable presse du Front national, Alain Vizier, a lui annoncé l’annulation d’une conférence de presse de Marine Le Pen prévue dans l’après-midi. La candidate du Front national, qui devait débattre avec Eva Joly et Arnaud Montebourg sur France 2 lundi soir, a demandé à la chaîne publique d’annuler ce débat, estimant que «suspendre le temps politique aujourd'hui est un signe de compassion et de solidarité». 

Une campagne partiellement suspendue en 2002

En 2002, la campagne n’avait été que partiellement suspendue après le drame de Nanterre, et la possible instrumentalisation de celui-ci avait fait polémique. Arrivés au petit matin sur les lieux du drame, Jacques Chirac et Lionel Jospin, alors président de la République et Premier ministre, avaient d’abord dénoncé un «acte de folie meurtrière» et un «drame tout à fait inimaginable» et, sur Europe 1, le Premier ministre avait affirmé que «l’objectif de sécurité ne [devait] pas être un objet de polémique politique, un enjeu électoral».

Mais la polémique politique avait vite repris ses droits. Jean-Marie Le Pen, futur qualifié pour le second tour, avait brocardé un chef de l’Etat qui, «quand il y a un événement de ce genre, arrive entre le Samu et la télévision». Et Jacques Chirac, en déplacement à Savigny-sur-Orge (Essonne), avait affirmé que «l'insécurité, ça va de l'incivilité ordinaire au drame que nous avons connu cette nuit». Avant de renchérir sur TF1, estimant notamment qu'il aurait été «normal» et «conforme à la loi» de retirer ses armes au tueur, avant qu'il n'en fasse usage:

«Le rôle et l'honneur du responsable politique est de comprendre et de réduire les risques. Un certain nombre de clignotants s'étaient allumés et ils n'ont pas été pris en considération.»

Le candidat communiste Robert Hue, dont le parti avait perdu quatre élus dans la tragédie, avait à l’époque suspendu sa campagne, et Lionel Jospin avait annulé plusieurs événements. La polémique sur l’exploitation politique des faits divers s’était poursuivie les jours suivants à l’occasion d’incendies criminels frappant des synagogues à Lyon, Strasbourg et Marseille.

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