France / Politique

Marine Le Pen a-t-elle bluffé sur ses 500 signatures?

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Pas sûr: le FN a perdu une quarantaine de signatures «sûres» en cinq ans et, selon nos calculs, dispose de quatre fois moins de maires fidèles que LO.

MARINE LE PEN A-T-ELLE BLUFFÉ LES MÉDIAS pendant des semaines en affirmant avoir des difficultés à recueillir les 500 parrainages? Alors que le Front national vient d’annoncer disposer des précieux sésames à trois jours de la date limite de dépôt, mardi 13 mars, la porte-parole de Nicolas Sarkozy, Nathalie Kosciusko-Morizet, a ironisé sur BFM TV et RMC sur «la plus vieille série de la vie politique française. Même à la télé, il n'y en a pas qui durent aussi longtemps»:

«Cela fait trente ans que l'on a le sketch des signatures à chaque élection. Il est maintenant derrière nous.»

«Elle bluffe comme Jean-Marie Le Pen son père a toujours bluffé en faisant croire qu'il n'aurait pas les signatures», expliquait déjà Martine Aubry le 4 février sur France 3 Nord-Pas-de-Calais. «Je ne crois pas à un instant à cette histoire», jugeait François Fillon le 2 février à Des paroles et des actes. «Ils nous font le coup à chaque fois», s’irritait le député UMP Claude Goasguen à l’Assemblée nationale le 31 janvier. «On assiste systématiquement à la même mise en scène», analysait le 19 janvier le président du Sénat Jean-Pierre Bel lors de ses vœux à la presse.

Est-ce vraiment le cas? Deux indices objectifs chiffrés peuvent accréditer le fait que le Front national éprouve des difficultés à obtenir ses signatures. D’abord, son nombre de parrains «sûrs»: il ne dispose pas de parlementaires ni de maires, a un seul conseiller général, dans le Vaucluse, et a vu son nombre de conseiller régionaux chuter de 156 à 118 entre les régionales de 2004 et celles de 2010. Soit 38 parrainages assurés en moins.

Ensuite, son nombre de parrains «fidèles» chez les maires, très courtisés par les candidats en mal de signatures. En croisant les fichiers des parrains des présidentielles 1995, 2002 et 2007, nous avons comptabilisé au moins 114 maires qui ont parrainé un candidat à chaque fois [1], dont une soixantaine sont aujourd’hui encore en poste.

Les chiffres sont éloquents: sur ces 114 maires, 17 ont parrainé trois fois le candidat du PC, 15 Arlette Laguiller (dont la «remplaçante», Nathalie Arthaud, a annoncé dès le 7 mars qu’elle disposait de 521 parrainages), 10 le candidat des Verts et seulement quatre Jean-Marie Le Pen. Et sur les quatre maires en question (deux dans l’Oise, un dans la Meuse et un en Haute-Corse), un seul est aujourd’hui encore en poste, ce que notait d’ailleurs Le Parisien fin février en pointant que, dans l’Oise, il est «difficile de renouveler les supporteurs historiques du Front».

Jean-Marie Pottier

[1] Le Conseil constitutionnel ne publie que 500 noms de parrains tirés au sort par candidat, soit environ un tiers des parrainages reçus. La plupart des candidats des extrêmes recevant généralement entre 500 et 700 parrainages, notre liste est cependant assez représentative des parrains «fidèles» du FN, de LO ou de la LCR. Revenir à l'article

Photo: Marine Le Pen et un de ses parrains de 2012, le maire de Fort Louis (Bas-Rhin), Gérard Janus. REUTERS/Vincent Kessler.

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