France / Politique

Sarkozy/Fabius, l'«omniprésident» contre le «violent»

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CE MARDI 6 MARS, c’est «[son] premier débat depuis [qu’il] est président», selon des propos rapportés par l’AFP: Nicolas Sarkozy fait face à Laurent Fabius dans Des paroles et des actes sur France 2, qu'il retrouve donc quelques semaines après une rencontre lors d'un déplacement du président-candidat à Petit-Couronne (Seine-Maritime).

Face à lui, celui qui aurait pu être son adversaire de 2007 s’il n’avait pas été vaincu lors de la primaire (les sondages le donnaient d’ailleurs largement battu par le candidat UMP) et dont le nom fut cité ensuite pour la présidence du FMI en compagnie de celui de Dominique Strauss-Kahn. Quelques jours plus tôt, début juillet 2007, l’ancien Premier ministre avait soufflé à François Hollande la formule «omniprésidence» pour critiquer le chef de l’Etat, qu’il a depuis déclinée en «égoprésidence» au fil de ses critiques nourries et formules assassines.

Les promesses de campagne? «Nicolas Sarkozy s’est fait élire comme le candidat du pouvoir d’achat; aux yeux de tous les Français, il est devenu M. Chômage et M. Déficit!», lançait le député de Seine-Maritime en défendant la troisième et dernière motion de censure du quinquennat, en juillet 2009. Le remaniement survenu dix-huit mois plus tard? «Que Nicolas Sarkozy se remanie lui-même.» Le «ni PS ni FN» au moment du second tour des cantonales, en mars 2011? Voilà Sarkozy accusé de «frontnationaliser l’UMP».

Les critiques sur la primaire socialiste d’octobre dernier? «S'il y avait des primaires au sein de l'UMP, il ne serait pas désigné.» La règle d’or budgétaire? C’est «le pyromane qui souhaite être le chef des pompiers». La perte du triple A, mi-janvier? Une «dégradation Sarkozy».

«Il s'aime trop», «Je ne l'aime pas»

Avant son élection, Nicolas Sarkozy avait lui aussi eu son compte de mots acerbes contre son adversaire du soir. Fin 2003, il confiait au Parisien:

«Son problème est qu'il s'aime trop. Il croit que le modernisme, c'est de dire sans cravate des choses futiles.»

En 2004, il avait vu dans le «non» de l’ancien Premier ministre au traité constitutionnel européen «une erreur historique», avant de le railler quelques jours avant le référendum:  

«Il n’y a pas de plan B, il n’apparaît qu’un plan F, F pour Fabius.»

«Fabius, lui, je ne l’aime pas», confiait Nicolas Sarkozy en septembre 2005 au Parisien, avant d’expliquer au même journal, un an plus tard, juste avant la victoire de Ségolène Royal lors de la primaire:

«Si c'était Fabius, on aurait une campagne très violente, parce que c'est un homme violent.»

Après son entrée en campagne, il y a deux semaines, Nicolas Sarkozy a déterré une phrase du député de Seine-Maritime pour faire d'une pierre deux coups, attaquer François Hollande et l'attaquer lui:

«Ce n'est pas non plus moi qui ai déclaré, je n'aurais pas osé: "Franchement, vous imaginez François Hollande président? On rêve", c'est Laurent Fabius, un spécialiste du rêve.»

«Après les friandises, l'addition»

Pour l’UMP, au moins un passage télévisé de Laurent Fabius a en tout cas laissé un mauvais souvenir: son débat avec l’éphémère ministre de l’Economie Jean-Louis Borloo au soir du premier tour des législatives 2007.


Ce dernier n'avait alors pas exclu, face au dirigeant socialiste, l’introduction d’une TVA sociale –rebaptisée par son vis-à-vis «augmentation de la TVA»:

«Après les friandises de l’avant-élection, l’addition.»

Une semaine plus tard, l'UMP remportait une victoire moins large que prévu et ses dirigeants attribuaient au faux pas de Borloo face à Fabius la responsabilité de dizaines de sièges perdus.

Photo: Laurent Fabius et Nicolas Sarkozy à la raffinerie Petroplus de Petit-Couronne, le 24 février 2012. REUTERS/Philippe Wojazer.

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