France / Politique

Que vont faire Cameron et Merkel si Hollande gagne?

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LES HOMOLOGUES DE NICOLAS SARKOZY dans le «big three» européen se sont impliqués dans sa campagne de réélection de manière assez inhabituelle. La chancelière allemande, Angela Merkel, l'a soutenu fin janvier et son apparition lors d’un meeting de campagne du Président français a été évoquée. David Cameron, le Premier ministre britannique, a lui aussi apporté un soutien sans ambigüité à Sarkozy lors d’un point presse commun des deux dirigeants, le qualifiant d’«homme politique courageux» avec de «grandes qualités de leader».

Les soutiens transfrontaliers ne sont pas nouveaux en Europe, où les partis se regroupent dans des coalitions internationales. Mais la clarté du soutien affiché par Cameron et Merkel à Sarkozy pose la question de leur éventuelle coopération avec le candidat socialiste François Hollande si celui-ci devait s’imposer. Dans cette éventualité, qui semble bien réelle, il se souviendra sans doute de commentaires comme celui-ci rapporté par le Spiegel:

«Les conseillers de Merkel n’essayent même pas de masquer leur aversion pour Hollande. “Le conflit entre Sarkozy et Hollande est une opposition entre deux concepts fondamentaux”, explique le Secrétaire général de la CDU Gröhe. “Le renforcement de la productivité ou la redistribution de gauche.”»

Le ministre des Affaires étrangères allemand Guido Westerwelle semblait peu à l’aise avec la préférence affichée de l’équipe de Merkel, expliquant que «le gouvernement allemand n’est pas partie prenante dans l’élection présidentielle française».

Hollande s’est rendu à Londres pour faire campagne auprès de la conséquente colonie française de la capitale anglaise. Cameron a refusé de le rencontrer, et Hollande semble avoir décidé de retourner l'argument et d’utiliser la popularité du Président français chez les conservateurs britanniques à son encontre, comme le rapporte le Telegraph:

«Le directeur de campagne de monsieur Hollande a fait clairement savoir qu’il considérait le soutien de Cameron à Sarkozy comme un cadeau empoisonné. “Etre ami avec les conservateurs, les thatchéristes et leurs héritiers […] est franchement étrange pour un candidat du peuple autoproclamé”, a expliqué Pierre Moscovici.»

On peut comprendre que les conservateurs ne soient pas emballés par l’idée d’un Président qui taxe les millionnaires à hauteur de 75%, mais étant donnée la réalité de la politique européenne, ils auront à travailler avec lui fréquemment s’il est élu. Il ne serait peut être pas une idée complètement absurde de lui tendre une branche d’olivier avant qu’il ne s’assoie en face d’eux à Bruxelles.

Comme l’exprime un député britannique, «notre élite politique devra fréquenter le gagnant quel qu’il soit, donc il faut faire très attention à ne pas interférer […] Je ne crois pas que nous devrions gérer nos relations extérieures comme une scène de Love Actually avec des sous-titres».

Joshua Keating

Traduit par Grégoire Fleurot

Photo: Nicolas Sarkozy, Angela Merkel et David Cameron à Bruxelles le 25 mars 2011, REUTERS/Thierry Roge

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