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«Si on s’engage sur 5% de chômeurs et qu’à l’arrivée il y en a 10...»

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C'est une vidéo déterrée, mercredi 18 janvier, par le chef de file des députés PS Jean-Marc Ayrault, qui l’a postée sur sa chaîne YouTube. On y voit, il y a cinq ans jour pour jour, Nicolas Sarkozy interviewé par Arlette Chabot lors de l’émission «A vous de juger»:

«Je veux m’engager, par exemple, sur le plein emploi: 5% de chômeurs à la fin de mon quinquennat. Et ce travail, on nous demande pas une obligations de moyens, Mme Chabot, on nous demande une obligation de résultats. C’est quand même extraordinaire, la démocratie faut qu’elle vive. Si on s’engage sur 5% de chômeurs et qu’à l’arrivée il y en a 10, c’est qu’il y a un problème.
— Vous dites: objectif 5% pour le chômage. Si vous êtes élu, au bout de votre mandat, au bout de cinq ans, vous n’arrivez pas à ce chiffre, vous dites: "Je ne peux pas me représenter"?
—Je dis aux Français: "C’est un échec et j’ai échoué. Et c’est aux Français d’en tirer les conséquences".»

Cette promesse, que le candidat avait répétée, notamment, au Figaro début avril 2007 (en l’assortissant d’un objectif chiffré concernant la durée moyenne du chômage: cinq mois), constitue aujourd’hui un angle d’attaque facile pour le PS. Au début du quinquennat de Nicolas Sarkozy, le taux de chômage au sens du Bureau international du travail (BIT) était de 8,5%, en baisse continue depuis plus d’un an. Cette baisse s’est poursuivie pendant les premiers mois, le chômage atteignant un plancher de 7,5% début 2008, un taux qui n’avait jamais été aussi bas depuis 1983.

Divergence avec l'Allemagne

Il est depuis remonté à 9,8%, conduisant Jean-Marc Ayrault à parler mercredi, lors de l’émissions «Questions d’Info», d’un sommet social qui est en réalité celui «de la dégradation de l'emploi». L'ancienneté moyenne des chômeurs est passée de quatorze à quinze mois pour l'ensemble des chômeurs, et est restée stable à huit mois environ pour ceux qui retrouvent un emploi. 

Sur l’ensemble du quinquennat, la France fait néanmoins mieux que la moyenne de l’Union européenne (où le chômage, en partant de plus bas en mai 2007, atteint également 9,8% aujourd’hui) et de la zone euro (où il est à 10,3%, son plus-haut historique). En niveau de chômage absolu, elle ne trouve en revanche derrière elle que les «PIGS», où le chômage a explosé (de 8 à 23% en Espagne, de 8% à 19% en Grèce, de 4,5% à 14,5% en Irlande) et la plupart des pays d’Europe de l’Est.

Malgré la crise, trois pays ont quant à eux réussi à faire baisser le chômage sur l’ensemble du quinquennat, si l’on se fie aux chiffres d’Eurostat: l’Autriche, la Belgique et surtout l'Allemagne où, d'un niveau sensiblement égal en début de crise, il est monté moins vite qu'en France et reparti ensuite à la baisse, à 5,5% aujourd'hui.

«Conséquence directe» contre «exonération»

Reste l’interprétation politique de la hausse du chômage sur les cinq dernières années. Pour la droite, c’est la crise économique mondiale qui en est responsable et la politique gouvernementale l’a amortie: fin décembre, le ministre du Travail Xavier Bertrand employait encore cet argument en voyant dans la hausse du chômage en novembre une «conséquence directe du ralentissement de l'activité économique». La gauche, elle, blâme le gouvernement: fin novembre, François Hollande estimait que le chômage élevé venait «sanctionner une politique» et que le pouvoir ne pouvait s'en «exonérer par la crise».

Des interprétations concurrentes qui se retrouvent dans les études publiées sur le sujet: il y a un an, la Direction du Trésor estimait ainsi que «les mesures prises pour limiter les destructions d'emplois (extension de l'activité partielle…) ou pour encourager les créations d'emplois (zéro charge très petites entreprises -TPE-, développement de l'alternance…) ont limité les effets sur l'emploi de la crise». Quelques mois plus tôt, l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) estimait de son côté que ce rôle d’amortisseur avait été contrecarré par la défiscalisation des heures supplémentaires, mesure-phare des premières semaines du quinquennat.

Photo: une agence Pôle emploi. REUTERS/Eric Gaillard.

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