Médias / Économie

Ce lien à la fin des articles qui pourrait vous faire perdre de l’argent

De «The Atlantic» à L'Express.fr ou Slate, des liens sont suggérés à la fin des articles publiés. Mais certains s'avèrent être des arnaques.

Capture d'écran de l'interview publiée par Moneynews
Capture d'écran de l'interview publiée par Moneynews

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Priceonomics

«La pédophilie à Hollywood est l’une des choses les mieux organisées selon un avocat», «Les dix universités où les anciens étudiants ont fait fortune», «Les milliardaires vendent leurs actions, préparez-vous à l’impensable»... Ces titres accrocheurs (et incroyables?), les internautes peuvent les lire à la fin des articles sur différents sites de médias, qu'ils soient américains ou français. 

Présentés comme des suggestions de lecture «aussi sur le web», ils sont souvent signalés comme des articles que les lecteurs pourraient «aimer» alors que ce sont des publicités, chaque clic rapportant des revenus à l'éditeur.

Au-delà des attrape-clics, des photos de stars dénudées et autre diaporama photo sur «ces lieux incroyables que vous n'avez jamais vus et dont vous ne vous remettrez pas», le problème, c’est qu’un de ces liens semble mensonger, souligne Priceonomics.

Repéré sur le site de magazine économique Bloomberg, un lien renvoie vers le site Moneynews et son titre est là pour affoler le lecteur:

«Les économistes alertent: préparez-vous à perdre de l'argent»

L'article, qui n'est signé par aucun journaliste, entend expliquer aux internautes crédules comment se préparer à l’importante crise financière dont ils ignorent tout. 

 

L’article débute ainsi: 

«Prenez des mesures pour protéger votre argent... TOUT DE SUITE. C’est ce que de nombreux économistes, milliardaires, auteurs très respectés vous disent de faire –des experts comme Donald Trump (...) Selon eux, nous sommes à l’aube d’une nouvelle récession, et celle-ci pourrait être pire que celle que nous avons vécu avec la crise financière.» 

S’en suit un schéma qui «circulerait discrètement à Wall Street» démontrant «une corrélation directe entre l’état du marché boursier aujourd’hui et celui qui a précédé la crise de 1929». Et une fois que les lecteurs ont pris peur, voilà une interview qui a tout d'un échange avec un expert en économie comme les chaînes d'info en continu en diffusent tous les jours.

Lorsque l'internaute veut lire la vidéo, une nouvelle page s'ouvre. Pour cultiver encore un peu l'angoisse, il est signalé que cette vidéo ne sera disponible que pour un nombre limité de personnes. Et si le lecteur avait le malheur de vouloir le fermer, voici ce qui s'affiche:

Très soucieux des intérêts des Américains déjà traumatisés par la crise en 2008, cette interview est en fait un publi-reportage pour vendre le livre du consultant invité Robert Wiedemer, Aftershock: Protect Yourself and Profit in the Next Financial Meltdown (Après le crash: comment se protéger et profiter de la prochaine débâcle financière), qui gagnerait déjà des millions en cultivant cette peur du crash financier, selon CNN. Il recommande aussi de s’abonner à une newsletter du groupe Newsmax (qui édite le site Moneynews) pour transformer 50.000 dollars en... un million de dollars. Le consultant vend donc le contenu du groupe pour lequel il est payé. 

Mais qui constitue donc ces listes de liens? Pas les médias eux-mêmes. Deux entreprises se sont spécialisées dans cette activité: Outbrain (dont vous pouvez retrouver des liens au bas de cet article de Slate) et Taboola. Et elles se portent très bien, rapporte The Verge.

Outbrain existe depuis 8 ans, a levé 99 millions de dollars et songe à entrer en bourse. Taboola, une société israélienne aussi, a levé 40 millions de dollars et ferait des profits. Mais elles ne se soucient pas forcément des liens qu'elles font apparaître. Sur des sites aussi prestigieux que Bloomberg, les publications peuvent y perdre à ne pas signaler assez clairement que ces liens ne sont pas sélectionnés par la rédaction et donc parfois loin de la ligne éditoriale ou des exigences demandées aux journalistes (sur Slate, ils sont surmontés de la mention «publicité»).

Les internautes déjà attirés par les publicités (et pourtant clairement signalées comme telles) qui promettent de perdre 15kg en deux semaines pourraient ne pas s'y retrouver. Et les médias, ne pas en profiter.

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