Économie

Aux Etats-Unis, la révolte des stagiaires non-rémunérés

<a href="http://www.flickr.com/photos/21218849@N03/5016234066/">Des entretiens de stage en speed-dating</a>, en 2010. Samuel Mann via Flickr CC <a href="http://creativecommons.org/licenses/by/2.0/deed.fr">Licence By</a>
Des entretiens de stage en speed-dating, en 2010. Samuel Mann via Flickr CC Licence By

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The Boston Globe

Ne pas rémunérer ses stagiaires, lorsqu’on est une entreprise à but lucratif, est-ce moral? C’est la question que pose une enquête du Boston Globe, alors que dans de nombreuses industries comme le journalisme et la communication, aux Etats-Unis comme en France, le recours aux stages sans indemnités est très répandu. Et la question se pose d’autant plus que, le 11 juin 2013, un tribunal new-yorkais a condamné la société de production de film Fox Searchlight pour ne pas avoir rémunéré deux stagiaires, durant le tournage du film Black Swan. Fox a fait appel.

Mais cette condamnation a suffi à faire naître le débat sur les stages non-rémunérés aux Etats-Unis. Conde Nast, le propriétaire de médias comme Vanity Fair, le New Yorker ou Vogue, a supprimé son programme de stages, après une nouvelle série de plaintes déposées par des stagiaires non-rémunérés. La question posée par la journaliste Melissa Schorr est simple: les stagiaires non-payés sont-ils des «réseauteurs futés qui se positionnent pour de futurs succès, ou un élément vulnérable d’une génération exploitée par une économie tremblotante?».

Aux deux questions, la réponse peut être oui. Les étudiants interrogés ne semblent pas trop se donner le choix –pour certains, il n’y a même pas de choix. Alec Ducson, fondateur du magazine Intern, justement consacré aux stagiaires, explique qu’il «est compliqué de voir une autre façon d’entrer» dans les entreprises. Etre stagiaire non rémunéré serait un rite de passage générationnel –vu que sur «le million d’étudiants américains qui effectuent un stage chaque année dans toutes les industries, entre un tiers et la moitié ne perçoivent pas de rémunération».

Ce constat en mode «il n’y a pas d’alternative» se pose aussi bien aux Etats-Unis qu’en France, où le stage de fin d’études débouche souvent sur un nouveau stage –en 2010, le collectif Génération précaire, qui dénonce l’abus des stages, estimait que la France comptait 1,5 million de stagiaires.

Faire un stage non-rémunéré revient non seulement à effectuer gratuitement des tâches pour lesquelles des salariés seraient payés (avec un haut niveau d’investissement, dans l’espoir d’un contrat professionnel) mais aussi de perdre de l’argent durant ce stage –résidence, nourriture, etc.

En France, une gratification mensuelle de 436,05 euros est obligatoire pour tous les stages au-delà de deux mois en entreprise. Les secteurs les plus gourmands sont l’industrie culturelle, celle du luxe, de la banque, du milieu associatif et des médias, selon Génération précaire, qui recense les pires offres de stage sur son site. Le stage ne peut pas durer plus de six mois, et il doit être effectué dans le cadre d’un cursus pédagogique. Mais les jeunes sont plus forts, et les inscriptions bidons à la fac, pour disposer de la convention, sont une pratique courante. Du côté des employeurs, le recours à des stages de moins de deux mois est fréquent, afin d’éviter de payer les stagiaires.

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