Économie

Racheter BlackBerry serait une mauvaise idée pour Facebook

Alors que BlackBerry quitte le marché grand public, Facebook pourrait racheter le fabricant en déclin, une idée surprenante... Sérieusement, voudriez-vous équiper tous vos employés d’un téléphone Facebook?

<a href="http://www.flickr.com/photos/18090920@N07/4646164016/">Facebook business</a>. Sean McEntee via Flickr <a href="http://creativecommons.org/licenses/by/2.0/deed.en">CC License by</a>.
Facebook business. Sean McEntee via Flickr CC License by.

Temps de lecture: 2 minutes

Selon le Wall Street Journal, les dirigeants de BlackBerry ont rencontré Facebook pour évoquer des offres potentielles de rachat du fabricant de smartphones mal en point. D’un point de vue stratégique, un tel accord permettrait à Facebook de contourner d’autres fabricants dont la firme dépend. Les entreprises n’en parlent pas encore publiquement, on ne sait donc pas si le téléphone Facebook utiliserait son propre système d’exploitation, celui de BlackBerry ou serait juste basé sur Android. L’accord pourrait constituer un marché important –en théorie.

Mais pourquoi Facebook voudrait un tel accord? Le déclin de BlackBerry dure depuis des années, mais le mois de septembre a été particulièrement mauvais. L’entreprise a annoncé qu’elle allait licencier 40% de sa masse salariale (4.500 personnes), qu’elle avait perdu 1 milliard de dollars (735 millions d'euros) au dernier trimestre, et qu’elle se retirait du marché grand public pour se concentrer sur les professionnels. En répercussion, la chaîne T-Mobile a depuis arrêté de présenter des smartphones de la marque dans ses magasins.

Le marché est très duopolistique, du moins pour le moment, et il n’y a pas beaucoup de raison pour que cela change à court terme. Windows Phone se bat pour la troisième place en Europe –selon le site Engadget, elle fête ses 10,8% de parts de marché en France et 12% en Grande-Bretagne. Dans le même temps, la présence de BlackBerry a été ramenée à 2,4% sur les cinq principaux marchés européens. La part de marché de BlackBerry aux Etats-Unis est tombée à 4,3% en juillet.

Même si BlackBerry était une bonne affaire, le fabricant ne conviendra pas à Facebook. Il y a un peu plus d’un an, Mark Zuckerberg a dit qu’un Facebook phone «a toujours été la mauvaise stratégie pour [Facebook]». Même s'il a changé d’avis, BlackBerry semble être une sorte d’antithèse de ce qu’il pourrait rechercher, en particulier depuis le récent retour à une niche centrée sur le business. Voudriez-vous équiper tous vos employés d’un téléphone centré sur le réseautage social?

Facebook devrait alors revenir sur nombre de décisions très récentes de BlackBerry, au moment même où l’entreprise franchirait sa porte. Il reste aussi à Facebook un travail important à faire sur les marchés existants: une étude récente a montré que les publicités sur mobile de Facebook avaient un bien meilleur retour sur investissement sur iOS que sur Android.

Cela mis à part, BlackBerry reste une société qui a de valeur. Le Wall Street Journal liste un certain nombre d’actifs possédés par BlackBerry, incluant 2,6 milliards de cash (1,9 milliards d'euros), pas de dette, et des brevets valant entre 1 et 3 milliards de dollars (entre 735 millions et 2,2 milliards d'euros). Et je devine que Facebook prendra également note d’une nouvelle récente concernant BlackBerry: son application de messagerie a récupéré 20 millions d’utilisateurs à travers Android et iOS depuis son lancement il y a une semaine.

Malgré tout cela, la société BlackBerry telle que nous la connaissons aujourd’hui serait un bourbier pour Facebook.

Sean Vitka

Traduit par Jean-Laurent Cassely

cover
-
/
cover

Liste de lecture