Culture

Les personnes qui parlent plusieurs langues ont aussi plusieurs personnalités

 REUTERS/Charles Platiau
REUTERS/Charles Platiau

Temps de lecture: 2 minutes

Noam Scheiber, journaliste de New Republic vient de publier un essai dans lequel il explique pourquoi il ne parle plus à sa fille de trois ans seulement en hébreu: «mon moi parlant hébreu est beaucoup plus froid, plus sérieux, et, soyons honnête, s'exprime moins bien», écrit-il. «En anglais, ma sensibilité naturelle est patiente et raffinée.»

A l'occasion de la sortie de cet essai, le magazine New Republic se penche sur la question du multilinguisme, qui mène à des personnalités multiples.

«Entre 2001 et 2003, les linguistes Jean-Marc Dewaele et Aneta Pavlenko ont interrogé plus d'un millier de personnes bilingues, et leur ont demandé s'ils avaient le sentiment “d'être une personne différente” quand ils parlent des langues différentes. Près de 2/3 ont assuré que c'était le cas».

Déjà en 1964, rappelle l'article, la sociolinguiste Susan Ervin de l'Université de Californie, à Berkeley, a fait un test sur des Français vivant aux Etats-Unis et parfaitement bilingues franco-anglais: ils devaient raconter une histoire, dans une langue et dans l'autre, à partir d'images. Et selon la langue, les sujets abordés étaient différents.

«Les histoires anglaises abordaient plus souvent un accomplissement féminin, une agression physique, une aggression verbale envers des parents et des tentatives d'échapper aux accusations, tandis que les histoires en français étaient plus susceptibles d'évoquer la domination par des aînés, la culpabilité, et l'agression verbale vis-à-vis de pairs».

D'autres études ont depuis corroboré ces recherches, jusqu'à aujourd'hui. On ignore cependant si c'est le contexte dans lequel une langue est apprise ou une différence structurelle, inhérente aux différentes langues, voire un mélange des deux, qui induisent ces différentes personnalités selon New Republic.

Globalement en revanche, les études concordent pour dire que le multilinguisme est un avantage. Comme le rappelait Futura sciences dans un article de 2013: «le bilinguisme est un atout pour le développement du cerveau. La plupart des spécialistes s’accordent à reconnaître ses bienfaits pour la croissance de l’enfant. Une équipe américaine a par exemple mis en évidence la capacité des enfants bilingues à s’adapter plus rapidement aux changements».

cover
-
/
cover

Liste de lecture