Tech & internet / Culture

De quand date la poêle en téflon

«J’ai glissé, chef», ou comment un chimiste américain fait la découverte – fortuite ! – de la célèbre matière antiadhésive. Laquelle fera la fortune d’un ingénieux Français qui l’associe, en 1954, à l’ustensile de cuisine.

Temps de lecture: 2 minutes

Saviez-vous qu’aux États-Unis Ronald Reagan et Bill Clinton ont été surnommés en leur temps les « présidents  « Teflon » ? Les scandales, disait-on avec humour, glissaient sur eux sans les atteindre. Reconnu par le Livre Guinness des records comme la substance la plus glissante au monde, le Teflon a été découvert fortuitement en 1938 par Roy J. Plunkett, un chimiste américain de la célèbre entreprise DuPont de Nemours.

Travaillant sur des gaz réfrigérants, il détecte par accident une matière cireuse et blanche aux propriétés remarquables, le polytétrafluoroéthylène, qui prendra le nom de Teflon. Résistant aux températures extrêmes, de – 260 à + 330 °C, au soleil, à l’humidité et aux produits chimiques, il possède en outre des propriétés antiadhésives. «Roy a tout de suite vu le potentiel de cette substance pas comme les autres », se souvient sa femme.

DuPont exploite alors industriellement le Teflon, qui protégera les joints de la première bombe atomique. On l’utilise aussi aujourd’hui dans la fabrication des puces électroniques, des combinaisons spatiales, des boucliers thermiques des fusées, et même des freins de voiture.

En 1954, un ingénieur français, Marc Grégoire, a l’idée de s’en servir pour que ses cannes à pêche télescopiques glissent mieux. Il appelle le bureau parisien de la firme américaine pour s’en procurer. On lui vend un stock avec cet avertissement : «Ce produit ne sert à rien car il ne colle à rien.» À rien? Pas sûr… Alors que sa femme lui suggère d’en revêtir les ustensiles de cuisine, Grégoire à l’idée de verser de l’acide chlorhydrique sur une poêle en aluminium afin de créer des petits trous permettant au Teflon d’adhérer. La première poêle Tefal, contraction de «Teflon» et «aluminium», est née, mais, à cette époque, aucun fabricant ne veut croire à sa drôle d’invention.

Après avoir déposé un brevet, Marc Grégoire fonde en 1956 l’entreprise Tefal, qui connaît très vite un succès phénoménal. Les Américains sont à la traîne: un journaliste, Thomas Hardie, convaincu des qualités de la poêle du Français, tente avec beaucoup de difficultés de l’imposer aux États-Unis. Après de multiples péripéties, il finit par convaincre l’un des magasins Macy’s de New York de lui prendre 200 poêles, mises en vente le 15 décembre 1960 au prix de 6,95 dollars chacune.

Charles Panati, auteur de L’Origine merveilleuse des choses de tous les jours, explique que, malgré 50 centimètres de neige et – 13 °C, les New-Yorkais ont acheté toutes les poêles en deux jours. Des dizaines de millions seront vendues dans le monde… Roy J. Plunkett reçoit en 1985 les honneurs de la prestigieuse organisation le National Inventors Hall of Fame, et exprime sa joie de voir son nom associé à une invention qui a eu « un impact direct et concret sur la vie des gens ». Mais le véritable inventeur de la poêle Tefal est bien Marc Grégoire, dont le premier spécimen est désormais exposé au musée DuPont-de-Nemours, à Wilmington, aux États-Unis.

cover
-
/
cover

Liste de lecture