Culture

10 films improbables à ne pas rater (ou voir) en novembre

Au menu de ce mois de novembre 2013: des enfants qui se bastonnent à coup de bazooka, Christophe Barbier en roue libre, le Dracula 3D de Dario Argento, une arnaque absolue avec Schwarzenegger et bien d'autres perles encore.

Dracula 3D de Dario Argento avec Thomas Kretschmann et des mouches numériques.
Dracula 3D de Dario Argento avec Thomas Kretschmann et des mouches numériques.

Temps de lecture: 6 minutes

Marre du tout-venant cinématographique? Voici une sélection de perles sortant ces jours-ci en salle, en VOD, en festival, à l'étranger ou en piratage potentiel.

Au menu de ce mois de novembre 2013: des enfants qui se bastonnent à coup de bazooka, Christophe Barbier en roue libre, le Dracula 3D de Dario Argento, une arnaque absolue avec Schwarzenegger et bien d'autres perles encore.

La guerre est déclarée

Des gamins de 12 ans jouent à la guerre dans une forêt en mode «capture du drapeau», avec pour seules armes des branches et leur (fertile) imagination. Sous la caméra des réalisateurs canadiens Jason Lapeyre et Robert Wilson, leurs flingues en bois deviennent par instants d'authentiques armes de guerre et leurs jeux d'enfants prennent une toute autre tournure onirico-guerrière.

On avait repéré le film I Declare War sorti en VOD outre-Atlantique fin août, attendant sa sortie physique en imports blu-ray et DVD prévue pour le 12 novembre pour en parler ici. On n'aurait pas dû attendre: à notre grande surprise, la copie du film en VOD est sans DRM ni géo-restriction.

Votre serviteur l'a réalisé en voulant tester le système d'achat du distributeur Drafthouse Films dont on parle régulièrement ici: moyennant 9,99 dollars, soit 7,40 euros, il s'est ainsi offert son premier film en téléchargement légal et définitif, visible en streaming comme en download 1080p (sans sous-titres hélas, mais OpenSubtitles devrait faire l'affaire). Bien entendu, si la chose s'avère nulle, une note de frais partira direct dans la boîte mail du patron.

Le Barbier de service

«Quand tu m'regardes, tu trouves pas qu'j'ressemble à un canton suisse?» Cette réplique vouée à devenir culte –au moins l'espace d'une semaine–, on la doit au chatoyant Christophe Barbier, boss de L'Express et lecteur fidèle de Slate à en croire son historique web.

Vue sa teneur, vous vous doutez bien qu'elle n'a pas été prononcée au cours d'un de ses 39 passages TV/vidéo web quotidiens mais bel et bien dans une œuvre de fiction. La chose s'intitule Doutes, et on peut y voir Benjamin Biolay déclamer en réponse à l'interrogation de Barbier un foudroyant «Toi? T'es le roi de la dissémination!» joué avec la conviction du doubleur français de Jaguar Force.

Le pitch de ce film signé Yamini Lina Kumar est le suivant:

«Entre la primaire socialiste pour la présidentielle 2007 et le scrutin de la présidentielle 2012, le politologue, l’historienne, le journaliste et la comédienne traversent cette époque où la croyance est mise à mal, jusqu’à voir leur ressorts les plus personnels se casser.»

Ce film sort dans les salles françaises le 13 novembre, et pour la petite histoire, le distributeur du film a préféré désactiver les commentaires YouTube sous la bande-annonce suite à leur teneur un brin trop moqueuse.

 

Quand Godard expérimentait au Québec

Le saviez-vous? Fin 1968, quelques mois après les événements de mai qui ont agité la France, Jean-Luc Godard débarque dans un patelin du nord-ouest québécois, Rouyn-Noranda, pour y mener une expérience télévisuello-sociale de courte durée à base de débats avec les gens du coin et autres happenings sur la télé locale.

Un chouette reportage réalisé en 2000 visible sur le site de l'ONF résume cet épisode méconnu de la vie du réalisateur d'A bout de souffle. L'histoire a en tout cas inspiré le réalisateur Eric Morin qui signe avec La Chasse au Godard d'Abbittibbi une romance décalée sur fond de rébellion 60's, le tout rythmé par une chouette BO dispo sur Bandcamp.

Le film est sorti le 1er novembre au Québec, et aucune date de sortie française n'est pour l'instant annoncée. La bonne nouvelle, c'est qu'au moins, on voit mal comment le film pourrait faire l'objet d'un remake franchouillard.

Déjeuner en paix

Carton critique au dernier festival de Cannes, où il était présenté à la Semaine de la Critique, la comédie romantique indienne The Lunchbox sortira en France le 11 décembre. Pourquoi en parler dans cette fournée de novembre, alors?

Parce que ce film –le premier de son réalisateur Ritesh Batra– fera l'ouverture de la 35e édition du Festival des Trois Continents le mardi 19 novembre à Nantes. Compte tenu de l'image (parfois exagérée) d'élitisme que se traîne la manifestation depuis des années, on ne peut que saluer le fait de programmer un feel-good movie rassembleur en ouverture.

Le pitch est le suivant: une femme malheureuse dans son mariage prépare de bons petits plats à son époux infidèle qu'elle fait livrer à son entreprise via une lunchbox. Cette dernière atterrit en réalité à une mauvaise adresse et se voit livrée à un homme seul avec qui la femme débute une relation épistolaire... Dans le rôle principal, on retrouve ce bon vieux Irrfan Khan, notamment vu en «Pi adulte» de L'Odyssée de Pi de Ang Lee.

Dead Snow

Trois ans déjà que le Paris International Fantastic Film Festival (PIFFF) s'est imposé en rendez-vous de référence pour les amateurs de cinéma de genre. Cette année, le festival proposera du 19 au 24 novembre un paquet de films très attendus, à l'image du prochain Alex de la Iglesia, Les Sorcières de Zugarramurdi, ou encore l'incroyable trip sensoriel L'Etrange couleurs des larmes de ton corps des réalisateurs de Amer, Hélène Cattet et Bruno Forzani.

On a très hâte d'y découvrir le documentaire Du sang sur la neige de Julien Dunand et Gildas Houdebine qui revient sur les 20 années d'existence du Festival international du film d'Avoriaz, qui a déménagé à Gérardmer depuis 1993. Bourré d'interviews récentes, le docu -qui sera également diffusé sur Ciné+ Frisson le 18 novembre à 19h30- propose aussi son lot d'archives improbables, à commencer par cette sentence définitive d'un certain Michel Blanc:

«Hier soir j'ai vu un film qui s'appelle The Terminator et qui est d'une bêtise effondrante.»

Il était vraiment temps de conclure.

Restons vigilante

Le 22 novembre sortira outre-Manche Vendetta, premier long métrage d'un certain Stephen Reynolds qui lorgne sans complexe vers les Un Justicier dans la ville et autres vigilante movies popularisés, entres autres, par Charles Bronson.

Le pitch donne le ton: Jimmy Vickers, un ancien officier des forces spéciales passé maître dans l'art des interrogatoires musclés traque le gang qui a massacré ses parents. Avec la police et ses anciens équipiers à ses trousses, il doit rester libre juste assez longtemps pour achever sa croisade sanglante.

Dans le rôle du justicier expéditif, on retrouve Danny Dyer, vu dans un paquet de films de genre type Severance et Doghouse, ou bien encore la série Skins. Aucune sortie du film n'étant pour l'instant prévue en dehors du territoire anglais, on imagine qu'il nous parviendra directement en vidéo d'ici 2016.

Tromperie sur marchandise

Le mois dernier, notre «flying jaquette» (à savoir la couverture de DVD manipulée à renfort de retitrages opportunistes ou mensonge éhontée) se penchait sur un téléfilm de 2003 intitulée Amazons & Gladiators relifté en Games of Rome pour sa sortie en France dix ans plus tard.

Ce mois-ci, on a trouvé mieux (enfin pire) avec l'improbable distribution dès le 13 novembre prochain du film One Man Weapon par l'éditeur Elephant Films. Admirez plutôt cette couv:

«Tiens, un film avec Arnold Schwarzenegger dont j'ignorais l'existence», se diront certains pigeons dans les allées DVD de leur Fnac.

Les pauvres: ce qui les attends, c'est un nanar fumeux de 1994 intitulé Beretta's Island dans lequel Schwarzy n'apparaît qu'une poignée de minutes, et dans son propre rôle, le temps d'entraîner le héros incarné par son pote culturiste Franco Columbu à qui Arnold faisait une faveur après l'avoir traîné sur les plateaux de Conan le barbare et Terminator...

La logique inhérente à cette rubrique voudrait donc qu'on vous passe la bande-annonce de ce film, mais comme on ne la trouve pas, restons cohérent en vous proposant quelque chose d'autre, à savoir la bande-annonce de Taken Alive, de 1995, toujours avec Franco Columbu. Comme les choses sont bien faites, si vous tenez jusqu'au bout, vous entendrez la douce voix d'Arnold vous implorer (si, si) d'acheter ou de louer la VHS de ce film:

Rent-a-wrong-car

Parfois, un quiproquo peut entraîner de belles rencontres, comme on l'a vu quelques paragraphes plus tôt avec la comédie romantique The Lunchbox. A contrario, le fait de se tromper de voiture de location en débarquant de l'aéroport en Afrique du Sud peut avoir de plus fâcheuses conséquences, surtout si la boîte à gant contient un revolver et le coffre une jeune femme ligotée visiblement recherchée par une pelleté de flics corrompus désormais à vos trousses.

Voilà comment résumer le pitch de Run Out (titre «français» de Vehicule 19) avec Paul Walker, qui aime décidément bien jouer les héros malchanceux entre deux tournages de Fast & Furious.

L'inconnu du premier étage

Présenté en compétition officielle lors du dernier festival de Cannes, Borgman n'avait pas vraiment fait l'unanimité. Certains confrères s'étant levé assez tôt –contrairement à moi– pour la projection presse m'avaient pourtant titillé sur l'air «j'ai trouvé ça à chier, tu devrais adorer».

La vision de la bande-annonce semble leur donner raison, tout comme le CV du réalisateur de la chose, le Néerlandais Alex Van Warmerdam, dont le deuxième film Les Habitants sorti en 1992 est un chef d'oeuvre d'humour frappé encore culte aujourd'hui –il est d'ailleurs ressorti en salles françaises l'an dernier sous le haut patronage du Grolandais Benoît Delépine.

Borgman raconte comment un type chelou s'incruste dans le foyer de banlieue pavillonnaire d'une famille bourgeoise, et tout porte à croire qu'il est mieux de ne pas en savoir plus avant de découvrir la chose en salles dès le 20 novembre.

Le bronze d'Argento

La grosse hallucination du mois en inspectant le planning des sorties françaises de novembre est sans aucun doute le fait d'y trouver le Dracula 3D de Dario Argento. Le film sortira (a priori en 2D et 3D) le 27 novembre, et sa bande-annonce avait fait rire –ou pleurer, c'est selon– tout ce que la planète compte de fans de cinéma de genre.

Dire qu'il fut un temps béni où les livraisons du réalisateur de Suspiria et Profondo Rosso étaient attendues avec impatience... La projection cannoise en 2012 avait été homérique (3D relief en carafe, fuite d'eau sur la tronche du public), donc une sortie sans passer directement par la case VOD est plutôt une bonne nouvelle, même si on doute fort que le film soit visible sur tout le territoire. A revoir cet improbable trailer, pas sûr que ça dérange beaucoup de monde.

A.H.

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