Culture

Pourquoi les clowns nous font peur

C'est très simple: leur histoire est celle de psychopathes.

<a href="http://www.flickr.com/photos/maggiew/6777864378/">Sinister clowns</a> / Maggie Stephens via Flickr CC <a href="http://creativecommons.org/licenses/by/2.0/deed.fr">License by</a>
Sinister clowns / Maggie Stephens via Flickr CC License by

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La coulrophobie, ou peur des clowns, est un sentiment très répandu, aussi bien chez les adultes que chez les enfants. Et pour cause, dans la culture populaire, les clowns sont plus souvent représentés comme des dangereux psychopathes que comme des comiques gais et inoffensifs. Il suffit de voir le film It, tiré du roman de Stephen King, ou bien le clown cauchemardesque représenté dans un épisode de la série Buffy contre les vampires, entre autres, pour être traumatisé à jamais.

Comment ces comédiens, censés représenter la joie et l’innocence, ont-ils peu à peu revêtu une image si sombre dans notre culture? C’est ce que le magazine The Smithsonian tente d’expliquer en revenant sur l’histoire et la psychologie des clowns. Il se trouve que la figure du pitre ou du bouffon a toujours existé, depuis les Pharaons jusqu’à nos jours. Mais le premier clown moderne, lui, s’appelle Joseph Grimaldi. Dans le Londres du XIXe siècle, il est une véritable star.

Grimaldi est le premier clown à porter des costumes exubérants, et à instaurer le fameux maquillage blanc et rouge. Mais sa popularité s’accompagne d’un triste destin: il a perdu sa femme et son fils, et souffre en fait d’une dépression chronique et de problèmes d’alcool. Après sa mort, un jeune Charles Dickens se charge d’écrire ses mémoires, entérinant ainsi l’image du clown triste et effrayant. «Il était impossible de dissocier l’acteur de son personnage», explique Andrew McConnell Stott, professeur d’anglais à l’University of Buffalo qui s’intéresse de près aux questions de clowns.

De notre côté de la Manche, ce n’est pas vraiment mieux: Jean-Gaspard Deburau, plus connu sous le nom de Pierrot, est lui aussi extrêmement populaire dans les années 1820. Mais comme Grimaldi, le comédien français s’avère beaucoup moins marrant que son personnage, surtout le jour où il tue à coups de canne un jeune garçon qui l’avait insulté dans la rue...

Deburau est finalement acquitté, mais le mal est fait: à partir de ce moment-là, la figure du clown meurtrier devient omniprésente dans la culture populaire. En 1892, l’opéra italien Pagliacci met en scène un clown qui tue sa femme. Dans les années 1930, Emmett Kelly joue le rôle de Weary Willie, un clown-clochard qui se retrouve à la rue à cause de la crise économique.

Enfin, l’image du clown se détériore considérablement lorsqu’en 1978 John Wayne Gacy, ou Pogo, est arrêté pour avoir agressé sexuellement et tué plus de 35 jeunes hommes. Cette sombre histoire contribue à renforcer le mythe du clown violent et pédophile, et l'on passe alors du statut de vaguement glauque à carrément flippant.

En effet, depuis les années 1980, le clown est constamment utilisé comme une figure horrifique, que ce soit dans It, la série B Killer Clowns from outer space, le film culte Clownhouse, ou plus récemment, la série Saw et le personnage du Joker dans The Dark Knight.

Heureusement, dans la vraie vie, il existe encore plein de gentils clowns. Une étude italienne, publiée en janvier 2013 dans le Journal of Health Psychology, a montré qu’une thérapie réalisée avec des clowns dans les hôpitaux permettait de réduire le stress des enfants avant leur opération.

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