Égalités / Culture

Ellen Page: oui elle est féministe et ce n'est pas «un gros mot»

L'actrice dit écrire un scénario «absolument féministe. Absolument». «Mais bon, si vous écrivez simplement un scénario où la femme a le contrôle de son destin et où l'amour n'est pas le sujet principal du film, c'est vu comme super féministe.»

Ellen Page aux Independent Spirit Awards de 2013, à Santa Monica, en Californie, le 23 février 2013. REUTERS/Phil McCarten
Ellen Page aux Independent Spirit Awards de 2013, à Santa Monica, en Californie, le 23 février 2013. REUTERS/Phil McCarten

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Ellen Page n'a aucun problème à se dire féministe. Si ça ne vous paraît pas fou, un petit tour dans les déclarations de stars féminines de la chanson ou du cinéma suffira à vous convaincre que c'est plutôt exceptionnel d'entendre une jeune actrice s'affirmer féministe. Dernière en date, Susan Sarandon déclarait au Guardian:

«Je me pense humaniste, parce que je pense que c'est moins aliénant pour les gens qui estiment que le féminisme est un tas de connasses stridentes, et parce qu'on veut que tout le monde ait les mêmes droits, des salaires égaux aux mêmes postes, un accès à l'éducation et à la sécurité sociale. C'est un mot un peut désuet, utilisé davantage pour vous minimiser.»

La star du cinéma n'est pas la seule à s'interroger sur la nécessité de trouver un autre mot que «féminisme» pour décrire le combat pour l'égalité, même si tout le monde n'utilise pas le terme de «tas de connasses stridentes»...

Mais Ellen Page, révélée dans Juno et qu'on a vu depuis dans Inception, Bliss, ou To Rome with love, n'a aucun problème avec le mot «féminisme» dans son interview avec une journaliste du Guardian à l'occasion de la sortie de son film The East, en France le 10 juillet. Comme le note la journaliste, parler avec Ellen Page, cela n'a rien à voir avec parler avec d'autres célébrités.

Là où beaucoup de stars font en sorte de «lisser» le plus possible leurs opinions sur des sujets controversés ou simplement politiques, l'actrice canadienne s'énerve sur Twitter pour soutenir l'accès sans ordonnance à la pilule du lendemain aux Etats-Unis, et estime:

«Je ne sais pas pourquoi les gens sont tellement réticents à dire qu'ils sont féministes. Peut-être que certaines femmes s'en fichent, tout simplement. Mais y a-t-il une plus claire manifestation que nous vivons toujours dans un monde patriarcal que le fait que le mot féminisme est un gros mot?»

Avant d'ajouter:

«On associe toujours le féminisme à un mouvement radical –tant mieux. Je ne suis pas en désaccord avec beaucoup de ce que les féministes radicales disaient [dans les années 1970].»

Evoquant la pression d'Hollywood qui veut que les actrices s'habillent de manière sexy, là où elle se décrit comme une fille qui aime être en jeans et t-shirt, elle dit avec un rire nerveux:

«Il y a des moments où vous êtes –hum, encouragée à vous habiller d'une certaine manière. Mais je n'y arrive pas. Ça sape mon âme... Ce n'est pas une critique des filles qui peuvent porter une mini robe et tout déchirer, c'est génial. Les gens disent toujours que les féministes détestent que les filles soient sexuelles, mais ce n'est pas du tout le cas. Simplement, ce n'est pas mon style.»

Au cours de l'interview, qu'elle prolonge à deux reprises pour discuter davantage, elle note que «seuls 23% des rôles avec des dialogues dans les films aujourd'hui sont pour les femmes» –d'après une étude de 2011 sur les 100 films qui ont le plus rapporté au box-office en 2009, il s'agit en fait de 32,8% des plus de 4.000 personnages avec des dialogues, contre 67,2% qui étaient des hommes–, et raconte qu'elle a commencé à écrire un scénario, «qui est absolument féministe, absolument. Mais bon, si vous écrivez simplement un scénario où la femme a le contrôle de son destin et où l'amour n'est pas le sujet principal du film, c'est vu comme super féministe».

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