Culture

Palmarès d'Un certain regard et de la Queer Palm: «Laurence Anyways» et Suzanne Clément, «Le Grand soir», «Después de Lucia» et Émilie Dequenne

Suzanne Clément dans «Laurence Anyways»
Suzanne Clément dans «Laurence Anyways»

Temps de lecture: 2 minutes

Avant la cérémonie de remise des prix de la sélection officielle de Cannes, qui aura lieu ce dimanche 27 mai au soir, des récompenses ont déjà été distribuées, dont celles de la sélection Un Certain Regard.

Le président du jury Tim Roth a déclaré avoir «découvert une sélection de films extraordinaire dans sa qualité et sa puissance et nos délibérations furent passionnées» en dévoilant son palmarès, ajoutant:

«Les cinéastes ne nous ont jamais déçus une seule fois! Incroyable!»

Au final Despuès de Lucia, de Michel Franco, a remporté le prix Un certain regard, tandis que le prix spécial du jury est allé au Grand Soir, de Benôit Delépine et Gustave Kervern, qui avaient déjà eu le mérite de réveiller un peu la Croisette.

Suzanne Clément a obtenu le prix d'interprétaiton féminine pour sa performance dans le troisième film de Xavier Dolan, Laurence Anyways. Originalité du palmarès 2012, pas de prix d'interprétation masculine, mais un autre d'interprétation féminine, remis à Emilie Dequenne pour A perdre la raison, de Joachim Lafosse. Mention spéciale du jury pour Djeca (Enfants de Sarajevo), d'Aida Begic.

Laurence Anyways a également été remarqué par un prix alternatif, la Queer Palm, qui récompense chaque année le film le plus «LGBT [Lesbien, Gay, Bi et Trans], Queer et décalé».

Voici un extrait de la critique de Jean-Michel Frodon sur ce film:

«Laurence Anyways raconte l’histoire d’un homme qui, à 35 ans, proclame à ses proches ce qu’il sait depuis longtemps: qu’il est en réalité une femme, qu’il se sent femme. Le film l’accompagnera durant dix ans à la suite de ce coup de Trafalgar, soit les dix dernières années du XXe siècle.

Laurence Anyways n’est pas réductible à un film sur la transsexualité, ou l’identité sexuelle, ou même la liberté de choisir qui on est. C’est d’abord une étonnante histoire d’amour, entre Laurence et une jeune femme nommée Fred.»

Pour la première fois, la Queer Palm récompensait également un court métrage, rapporte Yagg. Ce n'est pas un film de cow-boys, court de Benjamin Parent présenté à la Semaine de la Critique, a remporté la première Queer Palm du court métrage.

Ce court met en scène des adolescents qui parlent dans les toilettes du lycée du film passé la veille à la télévision: Le Secret de Brokeback Mountain. Avec La Bifle, autre court sélectionné à la Semaine de la Critique, il interroge le concept de virilité, comme l'expliquait Charlotte Pudlowsk:

Côté toilettes des garçons, Vincent est troublé. Il dit à Moussa: 

«T’as vu toi le film à la télé hier soir, Brokeback Mountain?

- Non j’ai pas le droit de regarder la télé, ma mère elle trouve que ça abrutit. Mais à ce qu’il paraît c’est un super bon western.»

L’autre baisse un peu la voix:

«C’est pas un western. Il y a des cow-boys et tout. Mais c’est un truc nouveau. C’est genre… C’est un western de pédés.»

Traduction: Vincent a été ému. Devant un film de pédés. Comme s’il était une femmelette. 

«Ce qui est intéressant chez ce personnage, estime Finnegan Oldfield, 21 ans, qui l’incarne, c’est l’ambiguïté entre son côté lascar et l’émotion qu’il ressent. Mais ce n’est pas évident d’assumer certaines émotions, ou de voir un film homosexuel, pour un garçon. On s’interroge en permanence sur sa virilité. Moi je commence tout juste à arrêter de me poser des questions.» 

«Il y a encore un an, voir des garçons s’embrasser ça me mettait mal à l’aise. Pas parce que je suis homophobe, prévient-il, mais parce que la virilité est un truc tellement important qu’on a toujours peur. Comme ça m’est arrivé de me dire "mais vas-y pleure pas t’es un mec". Mais bon j’ai vite lâché l’affaire, parce que ça fait du bien de pleurer.»

cover
-
/
cover

Liste de lecture